Parce que l'Etat ne lui a pas donné un logement, un père de famille oranais s'est jeté du 11ème étage d'un immeuble. Le geste est terrifiant et il est à la mesure de la cause qui l'a provoqué. Le cas n'est pas isolé, les dramatiques recettes qui mènent à la mort sont variées et les tentatives d'immolation par le feu sont devenues une monnaie courante. Au cœur de ces folies subites, le logement trône immanquablement en tsar. Le suicide généralisé serait tapi au fond des âmes pour démentir l'idée admise sur l'individu et la psychiatrie selon laquelle l'effacement de soi par la violence serait un acte isolé.

La valorisation de soi et l'affirmation de sa citoyenneté passent immanquablement par le bon vouloir de l'administration et de celui de l'Etat depuis que le peuple a été pris entre les dents assassines d'une vaste culture rentière. L'assistanat est devenu une raison de vivre et un droit. Se faire prendre en charge pour tout et pour n'importe quoi, en devenant la règle, impose de disparaître quand elle est contrariée.

Ni l'étonnement ni l'effarement ne doivent être de mise face aux extrêmes tourments d'une partie de la population quand ses plus infantiles exigences sont avec le suicide réclamées. La rente sacralisée a figé un intégrisme féroce duquel un peuple mal orienté aura bien du mal à se détacher. Le tout, tout de suite et sans préalable n'a pas fini d'accoucher des dégâts incommensurables.

Le suicidé oranais s'est donné la mort parce qu'il a été expulsé d'un appartement qu'il avait squatté alors que les squats se sont depuis longtemps officialisés. Ils vont de la parole aux gestes pour défigurer le vrai sens de la citoyenneté.

S'il est vrai qu'un toit, comme la santé, l'éducation, le travail et tous les artifices fondamentaux qui concourent à la décence d'une vie, est un droit, il doit surtout répondre à un devoir. Celui de l'effort et de la raison pour que la vie ait un sens. Or la leçon ancrée jusqu'ici par les différents pouvoirs qui se sont succédé a inoculé une nouvelle philosophie qui recommande pour vivre de se suicider.