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Infléchissement revendicatif de la CNLTD

par Kharroubi Habib

Depuis quelque temps, les partis et personnalités politiques rassemblés dans la CNLTD ne font étrangement plus allusion à la revendication par laquelle ils ont cimenté leur alliance : celle de la mise en place d'une transition démocratique. Probablement au constat qu'à elle seule leur coordination ne parvient pas à créer le rapport de force politique qui aurait contraint le pouvoir à l'écouter et peut-être emmener certains de ses cercles à l'envisager comme un passage obligé pour une solution pacifique et consensuelle à la crise politique nationale.

Sans forcément avoir renoncé à leur idée première, ces partis et personnalités politiques ont visiblement opté pour centrer désormais leurs actions sur la revendication de l'institutionnalisation d'une instance nationale indépendante et permanente chargée de la gestion des élections dans le pays. Ce en quoi ils ont rejoint Ali Benflis et le pôle du changement dont il est le chef de file. Lesquels tout en partageant avec la CNLTD l'essentiel de son positionnement anti-pouvoir se sont refusés à poser le préalable pour le changement politique revendiqué, de l'instauration d'une transition démocratique. Ils estiment possible de le réaliser à la condition que soit justement mise en place une instance indépendante susceptible d'assurer et de garantir la transparence et la régularité du processus électoral algérien.

En passant de la revendication de l'instauration d'une transition démocratique à celle de la mise en place d'une commission électorale nationale indépendante, la CNLTD a de toute évidence renoncé à l'idée qu'il allait lui être possible d'obtenir du pouvoir qu'il accepte son démantèlement induit par le processus suggéré par elle devant concrétiser une transition démocratique. Il reste que même la revendication de la mise en place d'une commission électorale indépendante telle que l'opposition dans son ensemble la voudrait et la réclame maintenant à l'unisson, n'est pas chose que le pouvoir lui accordera tant que le rapport de force entre elle et lui reste en l'état.

Il ne suffit pas en effet à l'opposition de faire valoir qu'à vouloir «s'accrocher au même dispositif institutionnel, organisationnel et juridique» qui encadre le processus électoral algérien, «revient à faire encourir au pays des périls» pour que le pouvoir ainsi interpellé s'avise d'en changer dans le sens indiqué par elle. La revendication d'une commission électorale indépendante n'est pas nouvelle. Elle est même une constante sur la liste des exigences des partis d'opposition depuis l'instauration du multipartisme. Le pouvoir y a systématiquement répondu par une fin de non-recevoir catégorique, même s'il a fait semblant d'en tenir compte en instituant des commissions de «suivi et de contrôle» du processus électoral, placées sous l'autorité de personnalités nationales censées par le respect et l'autorité morale dont elles disposent être les garants de leur indépendance. Il ne cédera pas plus tant que l'opposition ne sera pas en situation de l'y contraindre.

Pour pouvoir faire aboutir cette revendication ou toutes autres qui font partie de son «programme commun», l'opposition n'a pas d'autre solution que d'y faire adhérer les citoyens et la société civile, ce qui implique de sa part d'autres actions et initiatives que des conférences thématiques auxquelles ne participent que le monde restreint des états-majors partisans.