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L'apiculture ne séduit plus

par A. Z.

Les jeunes se détournent-ils des investissements dans le créneau de l'apiculture ? Malgré les facilités et les encouragements accordés par la conservation forestière, en particulier, qui offre en location annuelle des espaces adaptés en faveur des concernés, on enregistre un recul des investissements en 2015. Dans le cadre des activités agricoles et le développement des zones rurales, inscrites au programme de l'année en cours, la conservation des forêts de la wilaya de Constantine a étudié et accepté 51 dossiers de chômeurs en possession de diplômes universitaires ou ayant suivi une formation spécialisée. «Les investisseurs se partagent une surface globale estimée à 10,2 hectares, répartis à travers plusieurs communes, et ils sont strictement tenus d'exercer l'activité portée sur le cahier de charges, l'apiculture en l'occurrence», indique dans un communiqué la conservation des forêts.

Pour rappel, l'année dernière (programme 2014), ils étaient 87 bénéficiaires de terrains forestiers, d'une surface totale évaluée à 17,2 hectares, où ils ont pu produire 1900 kilogrammes de miel. Seulement, la plupart d'entre eux n'ont pas reformulé de demandes pour le renouvellement du bail de location. Sur les 87 investisseurs enregistrés en 2014, 73 ont décroché. Pour cette année 2015, sur les 51 dossiers déposés dans ce sens, 14 investisseurs de 2014 semblent résister aux aléas du métier, introduisant une demande de renouvellement de la location des terrains forestiers qu'ils occupent. On aura au bout du compte, donc, un chiffre de 37 nouveaux dossiers d'investissement déposés cette année par les diplômés universitaires en chômage.

La désertion massive des jeunes est due selon certains investisseurs, qui ont fait une amère expérience dans ce domaine, à la concurrence déloyale qui sévit sur le marché. Des marques de miel importées de l'étranger, jugées de qualité «douteuses», sont cédées sur le marché à des prix défiant toute concurrence et cassant tout espoir de résistance des jeunes investisseurs dans ce créneau. «Ces prix fixés pour le miel d'importation, relativement abordables par rapport au miel pure de production locale, ont fait de ces marques un choix très prisé par les consommateurs», nous a avoué récemment un apiculteur lors d'une exposition-vente du miel qui s'est déroulée à la nouvelle ville Ali Mendjeli. D'autres soulèveront les problèmes liés à la «précarité» de l'investissement, souvent dépendant des conditions climatiques ainsi que des saccages des humains. «Il est très difficile de veiller à la sécurisation des ruches, installées en pleine nature et livrées aux actes de vandalismes qui peuvent facilement mettre l'investisseur à genoux», affirme-t-on. En un mot, la filière de l'apiculture, jugée «non rentable», est dédaignée par les jeunes chômeurs, selon les statistiques établies dans ce contexte.