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Statut particulier, charte de l'éthique : Les syndicats de l'Education prudents

par Yazid Alilat

Au lendemain de l'installation au siège du ministère de l'Education de la commission conjointe chargée de revoir les statuts des personnels du secteur, les syndicats affichaient une certaine prudence vis-à-vis de cette commission. D'autant que ce qui s'est passé en 2012 lors de la seconde révision de ces statuts qui ont été décriés récemment lors des grèves à répétition par les syndicats, fait «peur» aux syndicats. Interrogé sur son appréciation quant à la mission de cette commission à laquelle avaient assisté des représentants des 9 syndicats reconnus par le ministère, Meriane Meziane, secrétaire général du Snapest, a répliqué:« questionnez-nous plutôt sur nos appréhensions » vis à vis de cette commission. En fait, «on ne voudrait pas que le scénario de 2012 se répète cette fois-ci», a-t-il fait observer. En 2012, lors de la seconde révision des statuts des personnels de l'Education nationale sous la pression des syndicats, une commission ad hoc avait été installée. «Ils ont fait une réunion entre eux qui a regroupé les représentants des ministères des Finances et de l'Education, outre ceux de la Fonction publique. Mais pas les syndicats», explique M. Meriane qui ajoute qu'à cette époque «ils n'ont donc pas pris en compte la position et le point de vue des syndicats». «Aujourd'hui, on voudrait que le point de vue des syndicats sur cette question soit pris en compte avec la mise en place de la commission ad hoc qui sera installée et au sein de laquelle doivent être représentés les syndicats». Pour M. Meziane Meriane, «la présence des syndicats au sein de la commission ad hoc est de nature à défendre les intérêts des syndicats et des travailleurs du secteur». C'est plus ou moins la même position des autres syndicats, dont le Snapap qui a estimé que «nous avons demandé la révision de ce statut particulier», et, surtout, «que le point de vue des syndicats soit pris en compte» par les commissions ou tout autre mécanismes de dialogue qui sera mis en place pour revoir cette question. «on est légaliste, mais on voudrait également que nos droits et nos revendications soient respectés», a-t-il dit.

Quant au secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l'Education (SNTE), Abdelkrim Boudjenah, il a réaffirmé la disponibilité de son syndicat à travailler à la révision des statuts des travailleurs du secteur. Le SNTE est «porteur de différentes propositions visant à corriger les dysfonctionnements contenus dans les statuts» des travailleurs du secteur. Sur le texte de l'éthique et la stabilité que le ministère veut faire «parapher» par les syndicats pour limiter la pression des grèves sur le secteur, Meziane Meriane, prudent, a indiqué au «Quotidien d'Oran» que «le ministère nous a envoyé un brouillon de la charte de l'éthique qu'on va enrichir et discuter. En tout cas, cela va dans le sens de la stabilité, mais nous demandons une méthodologie pour son application». Quant aux problèmes en suspens, «ils sont d'ordre pédagogique et socioprofessionnel. Et ils sont nombreux», a-t-il précisé. De son côté, Belkacem Felfoul (Snapap) a abondé dans le même sens estimant que le texte de cette charte de l'éthique et de la stabilité doit être examiné et discuté au niveau syndical et avec le ministère. Quant à M. Boudjenah, il a relevé que ce projet «sera soumis pour examen et débat au niveau des conseils nationaux des différents syndicats, lesquels sont habilités à l'approuver ou à le rejeter». L'installation de la commission de révision du statut particulier des enseignants et personnels de l'éducation s'était déroulée mardi en présence de représentants du ministère de l'Education nationale et d'un représentant de chacun des neuf syndicats accrédités du secteur, en application des procès-verbaux signés le 19 mars entre les syndicats et la tutelle. Entre autres missions, les membres de cette commission seront chargés de «déterminer et d'examiner les dysfonctionnements induits par l'application des statuts du secteur et d'en apporter les solutions adéquates», a indiqué M. Mohamed Chaib Draa, conseiller auprès de la ministre de l'Education.

UN TEXTE CONTRE LES GREVES

La commission tiendra sa première réunion le 16 avril avec, à l'ordre du jour, l'élaboration du règlement intérieur et la définition du calendrier d'action, a-t-il indiqué avant de souligner l'impératif «respect de certains principes lors de la révision des statuts». Il s'agit, selon M. Chaib Draa, d'«approfondir l'examen des dysfonctionnements en toute sérénité afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs qui étaient à l'origine de la situation d'instabilité» que connaît le secteur depuis des années. Durant la même séance, un avant-projet de charte d'éthique et de stabilité cher à la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, a été remis aux représentants des syndicats pour qu'ils l'examinent et y apportent leurs observations avant son adoption. Cette charte de l'éthique et de la stabilité qu'avait voulue imposer aux syndicats la ministre de l'Education (pour mettre un terme aux grèves cycliques) est à l'origine de l'achoppement des négociations ministère-syndicats de la mi-mars, avant que les deux parties ne se mettent d'accord pour détendre l'atmosphère et permettre la reprise des cours après les vacances de printemps et revenir à la table des négociations avec un premier gros dossier : la révision du statut particulier des personnels enseignants notamment. «Malgré sa révision à deux reprises (2008 et 2012), le statut particulier est à l'origine de l'instabilité du secteur. Il pose encore problème, et maintenant il faut prendre son temps pour arriver à solutionner les dysfonctionnements de ce statut», a reconnu M. Chaib Draa Thani mardi à la radio nationale, estimant qu'il est « grand temps d'arriver à un statut à la hauteur de tous les fonctionnaires du secteur pour qu'on s'occupe de l'essentiel, dont la pédagogie».