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TOURNER LE DOS AUX HUMEURS

par M. Abdou BENABBOU

Nous voilà donc en phase d'une nouvelle Constitution. La énième loi fondamentale avec le paradoxe permanent dans la recherche d'un fondement qui régirait le destin d'un peuple dont l'identité reste compliquée à cerner. On est encore dans la tentation de trouver son profil convenable au moment où les chants dangereusement bien accordés des régions algériennes se font entendre pour rimer avec une soudaine fracture de toute l'Humanité.

Ressasser que l'Algérien est arabe et musulman ne suffit plus. Entre affirmer ses racines mises à mal par moult guerres et colonisations et les manœuvres politiciennes des différents pouvoirs, il y a une large marge laissée pour d'importants non-dits faisant d'une loi une coquille vide. Peu importe les démêlés terre à terre autour des mandats présidentiels répétés et quelles que soient les approches primaires sur les vagues généralités si le juste devenir de l'Algérien n'est pas sérieusement tracé. Une constitution sans une vision claire de ce que doit être une société ne serait qu'une procuration livrée aux humeurs que les circonstances temporelles bafoueront. Une telle œuvre sacrée est bien plus haute que les désidératas des hommes. Il doit être question d'une auréole, legs essentiel transmissible de génération en génération avec un contenu réel et de franches vérités de ce que l'on est et de ce que l'on sera.

Il est acquis que très peu d'Algériens liront et s'imprégneront de la nouvelle mouture pourtant promulguée pour régir leur destin et celui de leurs enfants. Loin d'expliquer la posture désintéressée d'une population par un apolitisme immature, il faut bien se rendre compte qu'un texte de loi ne vêtit sa sacralité que par le bien-fondé de l'usage que l'on en fait. Au moment où une fiche de paie a plus d'importance que tous les textes sacrés, il est ardu de projeter une population sur des décennies et des siècles futurs et très naturellement les pouvoirs ont tendance à ne s'en tenir qu'à la seule recherche de la sauce avec laquelle elle serait grugée.

Le pari incontournable de la nouvelle Constitution est de tourner le dos à la dictature des faux énoncés galvaudés et de se concilier avec celle de la paix et de l'équité.

Il n'est pas demandé de rédiger un nouveau Coran. Il est exigé des Algériens, en toute simplicité et en saine responsabilité, de se détourner des cupidités contemporaines pour installer définitivement leur pays dans le bonheur pour tous et une sérénité perpétuelle.