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Ils préfèrent la rue à «Diar Errahma» : Plus de 260 SDF ramassés cet hiver

par J. Boukraâ



Le nombre des SDF a connu une hausse dans la wilaya d'Oran. Le calvaire de cette frange de la société s'accentue en hiver à cause du froid et de la faim.

D'ailleurs, le cadavre de deux d'entre eux ont été découverts, ces dernières semaines, dans la rue par les éléments de la Protection civile.

Pour protéger cette frange de citoyens, la direction de l'Action sociale d'Oran procède, depuis le début de l'hiver, au ramassage des personnes sans domicile fixe (SDF). Plus de 260 ont été ramassés, cette année, et placés à ?Diar Errahma', leur assurant le repas et le toit, durant cette période de froid. Cette opération est effectuée, quotidiennement, par les éléments de la DAS, en collaboration avec la Protection civile et le service de l'ordre public. Toutefois malgré ces campagnes le nombre des ces personnes ne cesse d'accroître, preuve à l'appui, durant le mois de janvier les services concernés ont ramassé 53 personnes, contre 73 durant le mois de février. Ce chiffre a presque doublé, durant le mois de mars, en cours, où il a été ramassé 137 sans abri. Plusieurs quartiers et ruelles ont été sillonnés par les équipes d'intervention, notamment, au centre- ville, dans les gares routières, ferroviaires et autres endroits susceptibles d'attirer ces personnes. Cette couche sociale, constituée d'adultes et d'enfants, car il y a même des familles, préfèrent continuer à vivre dans la rue, que d'être hébergées dans des foyers d'accueil, malgré les efforts fournis par la DAS, pour leur apporter confort et stabilité, en les dirigeant vers ces établissements, (Diar El Rahma). Ils préfèrent la rue où ils s'adonnent à la mendicité. Le phénomène s'aggrave, surtout quand ces personnes exploitent des enfants et des bébés pour faire la manche. Dans ce cadre, la DAS a recensé, en 2014, près de 300 mendiants dont une quarantaine d'enfants. Cependant, personne ne connaît, avec exactitude, le nombre de SDF (dont des femmes et des enfants ainsi que des ressortissants africains) qui végètent, un peu partout, sur le territoire de la wilaya. Pour comprendre ces gens, un film documentaire de 26 minutes, intitulé : «Les sans-adresse» a été réalisé, en 2014, par un groupe de jeunes. L'un d'eux s'est même mis dans la peau d'un SDF en se déguisant en jeune, vivant dans la rue, pour mieux incarner le personnage et voir le comportement des gens, envers une personne qui a tout perdu dans la vie et n'a que la rue comme demeure et les trottoirs comme lit. Les jeunes cinéastes ont filmé les SDF qui ont témoigné, dans le film, qu'ils ne peuvent pas rester à ?Diar Errahma' car ils se sentent prisonniers et ne supportent pas la discipline imposée. Ils ont, également, posé le problème de la promiscuité. Selon leurs témoignages, «Diar Errahma» regroupe des personnes de tous genres, dans les mêmes conditions. Ne se sentant pas à l'aise, dans ces établissements, les SDF préfèrent la rue et la liberté pour ne pas subir la promiscuité même s'ils mettent leur vie en danger à cause de l'insécurité de la rue.