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En présence de chefs d'Etat et de gouvernement étrangers : La Tunisie a marché contre le terrorisme

par Moncef Wafi

La Tunisie a marché hier pour dire « non au terrorisme » aux lendemains de l'attaque contre le musée du Bardo de Tunis.

Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, était présent aux côtés du chef de l'Etat français, François Hollande, le Premier ministre italien, Matteo Renzi, son homologue algérien, Abdelmalek Sellal, ainsi que les présidents gabonais, Ali Bongo, et palestinien, Mahmoud Abbas, en lisière du musée.

La foule scandait des slogans de circonstance à l'image de «Tunisie libre, terrorisme dehors» en agitant des drapeaux tunisiens sur l'avenue menant au Bardo, noire de monde. Cette marche populaire rappelle celle du 11 janvier à Paris. Pourtant, cette union sacrée a été sérieusement ébréchée puisque le Front populaire, coalition de gauche et principale formation d'opposition, a annoncé qu'il n'y prendrait pas part accusant, sans le nommer, Ennahda d'«hypocrisie». Le parti islamiste avait appelé, de son côté, ses partisans à participer à la marche tout comme la puissante centrale syndicale UGTT.

Au musée du Bardo, sur les lieux mêmes de l'attentat sanglant, le président français, François Hollande, a appelé la communauté internationale à unir ses forces dans la «lutte contre le terrorisme». «Nous devons tous lutter contre le terrorisme», a lancé le chef de l'Etat français. «Le terrorisme a voulu frapper un pays, la Tunisie, qui avait engagé le Printemps arabe et qui a eu un parcours exemplaire en matière de démocratie, de pluralisme et de défense des droits des femmes», a-t-il souligné. Pour François Hollande, «la France, amie de la Tunisie, devait être là aujourd'hui». Même si «des élections ont lieu» et que «les Français votent (...), rien ne devait empêcher ma présence ici à Tunis, au côté du peuple tunisien», a-t-il insisté. Rappelant la manifestation monstre le 11 janvier à Paris, François Hollande a souligné que «les Tunisiens voulaient aussi qu'il y ait cette solidarité internationale pour lutter à leurs côtés contre le terrorisme». «Nous avons avec la Tunisie une coopération en matière de renseignement et de sécurité que nous allons encore renforcer car nous sommes solidaires lorsqu'il y a une épreuve et pour prévenir tous les actes terroristes qui pourraient éventuellement être préparés par des groupes fanatiques», a-t-il poursuivi. Peu avant le début de la marche populaire, le Premier ministre, Habib Essid, a annoncé que le présumé chef de la phalange Okba Ibn Nafaa, le principal groupe armé djihadiste tunisien, l'Algérien Lokmane Abou Sakhr, accusé par Tunis d'avoir «dirigé» l'attaque du 18 mars contre le musée du Bardo, avait été tué. Des radios tunisiennes ont affirmé qu'il faisait partie des neuf morts mais le ministère a indiqué qu'il était trop tôt pour tirer de telles conclusions. «On ne peut pas confirmer ça, il faut faire des analyses d'ADN», a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui. Ce dernier précisera que neuf djihadistes ont été abattus samedi soir dans la zone montagneuse de Sidi Aïch dans le gouvernorat de Gafsa, dans le centre-ouest du pays. Une région située à environ 50 km de la frontière algérienne mais plus au sud du mont Chaambi, fief du groupe armé que les forces de sécurité tunisiennes pourchassent depuis plus de deux ans. Le ministère de l'Intérieur a accusé jeudi la phalange liée à Aqmi et qui avait annoncé, en septembre dernier, soutenir Daech sans lui prêter allégeance, d'être responsable de l'attentat terroriste contre le Bardo. Une accusation publique malgré que ce soit l'Etat islamique qui a revendiqué l'attaque qui a fait 22 morts, 21 touristes étrangers et un policier. La phalange Okba Ibn Nafaa est considérée comme le principal groupe armé tunisien. Selon les autorités sécuritaires tunisiennes, ce groupe est composé de dizaines de combattants aguerris dont de nombreux maghrébins et africains ainsi que des Tunisiens. Et une partie de ces membres seraient des militants issus d'Ansar Charia, un groupe salafiste djihadiste tunisien dirigé par un vétéran de l'Afghanistan Abou Iyad, accusé, lui, d'avoir organisé l'attaque par des manifestants à Tunis de l'ambassade américaine de septembre 2012. Okba Ibn Nafaa est apparu en décembre 2012 au mont Chaambi, un massif montagneux proche de la ville de Kasserine et de la frontière algérienne. Il est accusé d'avoir également mené des opérations bien plus au nord dans les régions du Kef et de Jendouba.  La mort d'une soixantaine de militaires et de policiers est à mettre à son actif. La phalange Okba Ibn Nafaa est aussi pour Tunis responsable de l'attaque la plus sanglante de l'histoire de l'armée lorsque 15 soldats ont été tués alors qu'ils bivouaquaient à Chaambi en juillet 2014. Ce groupe a revendiqué par ailleurs l'attaque au printemps de la même année contre la maison du ministre de l'Intérieur de l'époque, Lotfi Ben Jeddou, à Kasserine. Quatre policiers y ont été tués.