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Hamid Grine à Oran : La pub, l'ambassadeur de France et le statut de journaliste

par Mokhtaria Bensaâd

La réponse du ministre de la Communication, Hamid Grine, aux critiques de l'ambassadeur de France à Alger sur la politique de son ministère et sa position par rapport à certains journaux nationaux ne s'est pas fait attendre.      Intervenant lors du forum de la citoyenneté, organisé dimanche par le journal Ouest Tribune, après avoir honoré les femmes journalistes au siège du journal El Djamhouria, le ministre, répondant à une question sur cette affaire, a clairement souligné que « concernant ce qui a été publié dans le journal Ennahar, je crois que j'ai répondu. J'ai dit que nous avons des principes qui nous incitent à lutter contre toute forme de violence, d'injure et de diffamation dans les journaux algériens. Quand je dis diffamation ou injures, cela ne concerne pas, nécessairement, un président ou un ministre ou un député ou un wali. Cela concerne tout Algérien victime de diffamation ou injures. Je rappelle que nous avons d'excellentes relations avec la France. Des relations gagnant gagnant ». Il a ajouté que « lors de mon installation en tant que ministre, j'ai proposé la création d'une agence de promotion de l'image de l'Algérie. Cette proposition a été prise en considération et a été intégrée dans le programme gouvernemental ». Par cette réponse, le ministre a mis les points sur les « I » concernant les critiques de l'ambassadeur de France à Alger rapportées dans une correspondance qu'il a adressée au Quai d'Orsay. Le diplomate français aurait même suggéré d'éviter toute coopération avec le ministère de la Communication. Le ministre a abordé, par ailleurs, plusieurs points liés à son secteur et notamment la situation des journalistes. Il a annoncé dans ce cadre la prochaine coopération de son ministère avec celui du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale dans le seul but d'améliorer les conditions de travail de la corporation.       Cette coopération se traduit par l'envoi d'inspecteurs à tous les journaux pour vérifier les contrats de travail, les salaires et la couverture sociale auprès des directions des journaux. Sur un autre plan, le ministre est revenu sur la question de la publicité, en réitérant la « règle » de base pour l'attribution de celle-ci aux journaux qui ont de la « visibilité, un tirage important et de la déontologie ». Pour les journaux nouvellement créés, il dira qu'« ils doivent d'abord prouver leur crédibilité pour bénéficier de la pub ensuite. Sinon, ce ne sera plus la mission d'informer mais la mission de donner de l'argent ». Plus explicite, il souligne que « soit, nous sommes dans le marché libre, soit, nous sommes dans les années 70». Il revient ensuite sur le cas de 14 journaux. «Il y a quelques jours, le directeur de l'ANEP m'a présenté une liste de 14 petits journaux dont plusieurs édités à l'Ouest et m'a demandé s'ils peuvent bénéficier de la publicité pour les aider. J'ai donné mon accord ». Ajoutant que 80% du budget de l'ANEP est dirigé vers la presse privée et non pas vers la presse publique.

Sur les chaînes de télévision, M. Hamid Grine a considéré que celles-ci poussent comme des champignons. Il s'agit de chaînes de droit étranger. Il y a seulement cinq bureaux de chaînes télés qui sont accrédités. En tout, il y a une trentaine de chaînes qui émettent.

Interrogé sur l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, le ministre a précisé que le premier responsable de cette autorité, M. Miloud Chorfi, active. « Il est en train de composer son bureau. Pour le reste, cela ne dépend pas de lui, mais du président de la République. C'est lui qui nomme les membres de l'instance de régulation. On les connaît ces membres. Mais les noms ne seront pas donnés aujourd'hui. Vous n'aurez pas le scoop », dira-t-il. Pour le siège, il existe. Il est situé au 127 boulevard Didouche Mourad. Pour le statut de journaliste, le ministre se contente d'informer que « nous sommes en train de le revoir. Il sera bientôt finalisé ».

Interrogé sur le Fonds de solidarité pour les journalistes, le premier responsable du secteur de la communication a expliqué que «même si je n'ai pas encore créé ce fonds, j'aide les journalistes sur un certain nombre de problèmes car c'est le rôle d'un ministre d'être responsable».Enchaînant ensuite sur la formation des journalistes, le ministre a rappelé que « la loi sur l'information oblige chaque journal à allouer 2% de son chiffre d'affaires à la formation. Il est évident que ce que nous faisons comme programme n'est pas suffisant. Moi, je pense qu'un journaliste doit se former chaque jour». Pour régler le problème de la carte professionnelle attribuée aux photographes de presse qui devaient présenter des attestations de travail avec la mention «photographe reporter» et que certains directeurs de journaux ont refusé d'attribuer ce statut à leur personnel, le ministre a affirmé que «des instructions seront données à la commission d'attribution de la carte de journaliste professionnel pour accepter le document sans cette mention».