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Soupçons de manipulation et mauvaise interprétation de la position du CNOA : Les étudiants en architecture reprennent la grève

par Sofiane M.

Les étudiants en architecture du système LMD de l'université des sciences et de la technologie d'Oran Mohamed Boudiaf (USTO MB) qui avaient mené fin 2014 une grève illimitée qui s'est propagée à tous les départements d'architecture à travers les universités du pays, reprennent le chemin de la contestation. Ils avaient pourtant obtenu gain de cause début décembre après la signature par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, d'un décret relatif à l'instauration d'une «équivalence» entre le diplôme d'architecte et celui du master dans le même domaine. Le décret exécutif n° 14-345 du 15 safar 1436 correspondant au 8 décembre 2014 complétant le décret exécutif n° 98-153 du 16 muharram 1419 correspondant au 13 mai 1998 définissant la forme, le contenu, la durée et les modalités d'accomplissement du stage pour l'inscription au tableau national des architectes, stipule que le diplôme de master en architecture est «équivalent» à celui d'ingénieur en architecture.

Après la promulgation du décret les étudiants avaient regagné les amphithéâtres mais, au début du mois en cours, des fuites savamment orchestrées sur la circulation d'une note interne de l'ordre national des architectes pour la classification des bureaux d'études a provoqué des remous parmi les étudiants du département d'architecture. Les délégués des étudiants se sont précipités pour lancer une grève illimitée avec des piquets de grève permanents devant le département d'architecture de cette université. «Les grévistes ferment l'accès du département aux autres étudiants. Nous avons tenté à plusieurs reprises d'assagir les étudiants grévistes, mais en vain. Une réunion s'est tenue aujourd'hui (dimanche 15 février 2015) entre les délégués des grévistes, le doyen du département d'architecture et le vice-recteur de l'université Mohamed Boudiaf chargé de la pédagogie, pour trouver une solution au mouvement de contestation qui risque de compromettre toute l'année universitaire dans ce département.

Le doyen et le vice-recteur chargé de la pédagogie se sont engagés à transmettre les revendications des étudiants grévistes au ministère de tutelle», affirme le professeur Boudia, chargé de communication de cet établissement universitaire.

Cependant, les chances de satisfaire les revendications des grévistes restent minces vu que le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique n'a aucune mainmise sur le conseil national de l'ordre des architectes. Contacté, à ce propos, le président du conseil national de l'ordre des architectes, Djamel Chorfi, soutient que le CNOA respecte tous ces engagements signés avec le ministère de l'Enseignement supérieur et les délégués des étudiants pour la prise en charge des stages d'études et d'habilitation. Il regrette une mauvaise interprétation par les étudiants des correspondances du conseil tout en dénonçant une manipulation des grévistes par certains cercles occultes. «Tout à commencé quand la DG de l'architecture et de l'urbanisme a invité le CNOA à débattre d'un avant-projet portant classification des bureaux d'études techniques et habilitation des architectes. La DG de l'architecture et de l'urbanisme a exigé une réponse avant mars prochain. Nous avons ainsi envoyé le texte aux 48 wilayas pour une large concertation, mais finalement l'ensemble des architectes et le conseil national ont rejeté catégoriquement cet avant-projet.

Nous avons émis un avis défavorable à cet avant-projet portant obligation à l'architecte d'être titulaire du certificat d'habilitation. Le CNOA réaffirme toutefois son engagement à œuvrer sans relâche avec la DG de l'architecture et de l'urbanisme à l'avenir pour préserver le métier et la production architecturale », explique la même source. Abordant la grève illimitée des étudiants, le président du CNOA regrette une mauvaise interprétation de ces déclarations par les délégués des étudiants. «Nous avons, certes, déclaré que la loi 94/07 est une ligne rouge à ne pas franchir, mais ces déclarations ne visent pas les étudiants, mais certains cercles occultes qui menacent le métier d'architecte.

Le conseil n'est pas contre la dernière modification du décret exécutif 14-345. Les diplômés de la formation classique et du LMD ont désormais le même droit de s'inscrire au stage d'habilitation pour obtenir un agrément », affirme le président du CNOA. Il a par ailleurs appelé les pouvoirs publics à associer le CNOA dans les commissions ministérielles pour discuter de l'avenir du métier d'architecte en Algérie tout en insistant sur la promulgation de décrets qui définissent avec clarté le cadre légal de ce métier spécifique.