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LA BENEDICTION DES HOMMES OU LA MISERICORDE DE DIEU ?

par M. Abdou BENABBOU

Une des principales tares du fonctionnement de la politique est qu'il intervient par à-coups. Un peu comme si on donne une sucette à un nourrisson qui pleure. Parce que le lait faisant défaut ou que le biberon n'étant pas prêt, on lui scotche la bouche avec un morceau de plastique à sucer. Il en est ainsi des symboles qu'on érige avec des milliers de milliards en béton pour faire bonne figure et pour inscrire dans du marbre des démentis aléatoires à des vindicatives houles décennales. Un peu aussi comme cette volonté précipitée à tout faire pour se mettre au premier rang d'une mosquée pour prier, privilégiant la bénédiction éphémère des hommes à la force discrète de la miséricorde de Dieu.

Il ne s'agit pas bien évidemment des grandes œuvres structurantes comme les barrages, les autoroutes ou les nouvelles voies de chemin de fer. Il est question de murs érigés pour faire bonne figure et derrière lesquels, quand on n'a rien à exposer, on affiche avec allégresse de l'hypocrisie. Il est surtout question de l'érection à coups de milliards de villes capitales de quelque chose sans rien avoir pour les meubler. Aussi louables que pourraient l'être les intentions de l'autorité maçonne des œuvres qui s'avéraient seulement et dramatiquement tape-à-l'œil, il est loisible de se demander à quelles réelles aléatoires architectures elles ont obéit. C'est que le pli rigide est pris d'investir sur les murs plutôt que sur les hommes.

Un incalculable trésor de guerre a été fourgué à tour de bras dans tous les secteurs. Logements, emploi de faux jeunes et le reste ont été les récipiendaires d'une générosité financière débridée. On sait ce qu'il en est et on constate que la charrue a devancé les bœufs. Quel repos de l'âme pourrait tirer un chômeur auquel on a offert gracieusement un appartement qu'il ne pourra jamais entretenir ? Et quel avenir serein pourrait s'offrir à un jeune marginal auquel on a castré l'élémentaire esprit du savoir et que l'on invite avec une magnanimité financière à se faufiler dans un circuit économique sans pitié ?