Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'opposition s'est fixé un crucial rendez-vous le 24 février

par Kharroubi Habib

A l'opposition regroupée au sein de la CNLTD qui avait programmé de tenir samedi à l'hôtel Safir d'Alger une conférence thématique sur « les conditions de la transparence des élections », le pouvoir a répondu en faisant obstacle à la tenue de celle-ci. Comme à son habitude, il a confié le soin de la basse besogne du piétinement du droit constitutionnel de l'opposition à l'administration de wilaya qui en l'occurrence a signifié à la CNLTD son refus de lui accorder l'autorisation nécessaire par le fallacieux prétexte du « flou » du thème de la conférence projetée.

En agissant de la sorte, le pouvoir cherche à casser le dynamisme dont cette opposition fait montre à devenir plus visible en occupant le terrain médiatique et en créant le débat public autour de ses revendications qui convergent sur la nécessité d'un changement de système et de régime par le processus d'une transition pacifique démocratique. C'est de sa part l'aveu que la montée en puissance dans l'audience populaire des revendications de cette opposition l'inquiète.

Ayant un moment cru que le regroupement de l'opposition à travers la création de la CNLTD n'allait être qu'un feu de paille car ses composantes seraient dans l'incapacité de surmonter leurs querelles de chapelle et de se doter d'un programme commun face à lui, le pouvoir a fait semblant de jouer le jeu de l'ouverture politique et de ne pas paraître craindre la création d'un bloc d'opposition considéré par lui comme incapable d'attirer grand monde parmi les citoyens et dans la société civile. Mais après avoir parié que ce front oppositionnel ne tiendrait pas la route et que ses acteurs retomberaient très vite dans la dissension doctrinale et la guerre du leadership, il a fini par se rendre compte qu'il est désormais confronté à une initiative politique de cette opposition s'inscrivant dans la durée et marquée par la détermination de ses auteurs à s'y tenir collectivement quelles que soient les divergences partisanes qui sont les leurs.

Son espoir déçu de ne pas voir cette opposition « sombrer » dans le ridicule de la mésentente et de l'implosion aussitôt rassemblée, le pouvoir est revenu incontinent à ses pratiques du verrouillage politique et à l'interdiction arbitraire de l'expression démocratique. La CNLTD à qu'il a été interdit d'organiser sa conférence en salle close sait maintenant que le pouvoir a décidé de briser son élan. Ce qui n'augure pas de bonnes choses pour les démonstrations de force qu'elle a programmées pour le 24 février. S'il lui a interdit une conférence en salle fermée, il ne lui laissera certainement pas le loisir de faire étalage de son influence dans la rue. Elle est pour autant condamnée à faire la démonstration qu'elle ne cultive plus la crainte de la répression qui a inhibé ses composantes jusqu'à les faire apparaître comme des velléitaires et opposants de salons.

Cette opposition qui commence à se faire prendre au sérieux dans l'opinion publique s'est fixé un rendez-vous le 24 février qui va être éclairant sur la profondeur du changement qu'elle dit avoir opéré dan la vision de son rôle de force politique prônant le changement quitte à faire face à la violence qu'emploierait le pouvoir pour la faire taire.