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Selon le ministre du Commerce : Les licences d'importation bientôt de retour

par El-Houari Dilmi

«Au vu de la structure des importations, plus de soixante milliards de dollars en 2014, nous sommes obligés de continuer à importer, au moins les 2/3 de cette facture en devises fortes, qui vont aux biens d'équipement et aux matières premières, pour la relance du secteur industriel», a indiqué, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, le ministre du Commerce, M. Amara Benyounès.

Précisant que près de dix milliards de dollars vont aux importations des produits alimentaires essentiels, comme le blé, le lait et le sucre, le ministre du Commerce a expliqué que «conformément aux orientations du chef de l'Etat, un groupe de travail a été institué pour remettre bientôt ses conclusions, avant la présentation du projet de loi à la prochaine session du Parlement, et la mise en place aussitôt des licences d'importation et d'exportation», a-t-il souligné. Insistant sur la nécessité de réorienter la machine économique vers l'exportation, Amara Benyounès a également annoncé l'organisation les 30 et 31 mars prochain d'une Conférence nationale sur le commerce extérieur et un Forum Algérie-Afrique vers fin 2015. Pour contrer les retombées de la chute drastique des prix du brut sur le marché mondial, dont l'Algérie est largement tributaire pour son développement, «nous devons rationaliser les dépenses publiques, en veillant à ne pas affecter la marche de la machine économique, encourager le développement de l'entreprise algérienne, et nous tourner vers l'Afrique pour booster nos exportations», a-t-il indiqué. «Avec mon collègue, ministre de l'Industrie et des Mines, nous sommes en train de mettre en place des normes, actuellement à l'étude, pour empêcher l'entrée, dans le pays, de produits contrefaits ou de mauvaise qualité», a encore expliqué le ministre du Commerce, ajoutant que la remise en question des subventions de l'Etat de certains produits essentiels tels le lait recombiné, le pain et autres farines panifiables, «n'est pas à l'ordre du jour du gouvernement», a-t-il tranché. Au sujet du transfert illicite de capitaux à l'étranger, Amara Benyounès a expliqué que «des instructions strictes ont été données par le Premier ministre pour le contrôle de ces surfacturations de la part de certains opérateurs, que nous sommes en train d'identifier avec la Banque d'Algérie et l'administration des douanes». «Grâce aux équilibres macroéconomiques en constante amélioration et les réserves de change dont dispose le pays, nous pouvons faire face aux besoins de l'économie nationale pour 4 ou 5 ans, la preuve nous n'avons aucune divergence avec le FMI dont je viens de recevoir le directeur chargé de l'Asie centrale, du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord lors de son escale algérienne», a, par ailleurs, argumenté le ministre du Commerce. Concernant la persistance du marché informel en Algérie, qui a atteint des proportions mettant en danger l'économie nationale, l'invité de la radio a indiqué «qu'un groupe de travail va identifier les contours de celui-ci et qu'il appartiendra au gouvernement d'appliquer les solutions propres à contrecarrer ses effets», a-t-il souligné.

De l'inflation constatée sur les produits alimentaires, en particulier, le ministre répond que les prix sont fixés par la loi de l'offre et de la demande, démentant cependant une hausse de celle-là. «Au contraire, l'inflation a baissé par rapport à l'année précédente», a-t-il affirmé.

Selon lui, «l'Algérie et ses 40 millions d'habitants ne disposent que de 5 hypermarchés, implantés dans quatre wilayas seulement, et moins de 70.000 détaillants dans tout le pays; nous sommes très en retard en matière de grande distribution», a reconnu le ministre, expliquant «qu'il n'est pas possible de réguler le marché par de petites épiceries ou des superettes». «La solution passe obligatoirement par le développement de la grande distribution et la levée du monopole détenu sur certains produits», a-t-il indiqué.

Précisant que les avis d'appels d'offres pour la réalisation de 9 marchés de gros ont déjà été lancés, Amara Benyounès a annoncé qu'une «grande opération médiatique sera lancée dans les prochains jours pour encourager à consommer algérien, en tenant compte des impératifs de compétitivité, de qualité et de prix». Enfin, sur l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, le ministre a expliqué que le pays «prendra le temps qu'il faudra pour le faire; ce n'est pas une obsession pour nous», a-t-il répliqué.