Les Fennecs,
bombardés de tous côtés comme les favoris de cette édition, étaient contraints,
au départ, d'endosser cette responsabilité. Hier, face à une sélection
sud-africaine ressuscitée par sa très belle série de victoires, il convenait de
faire le point. L'EN d'Algérie a-t-elle le profil d'un futur champion d'Afrique
? Outre les joueurs, c'était en quelque sorte l'heure de vérité pour Gourcuff
qui, depuis son installation, a travaillé dans l'urgence, préoccupé par les
éliminatoires de la CAN et donc par les résultats. Il lui fallait, en même
temps, obtenir des points et appliquer sa conception de jeu, c'est-à-dire
produire un football collectif avec une constante, l'offensive. Pas une mince
affaire. Hier, et après avoir minutieusement décortiqué l'organisation des
Bafana Bafana, Gourcuff avait concocté des réglages au niveau de la défense
plus particulièrement. Ainsi, il a demandé à ses défenseurs de presser haut
leurs adversaires pour les empêcher de mener à bien les contres, un domaine où
ils excellent. En ce sens, Gourcuff a voulu faire du positionnement de ses
défenseurs l'arme tactique face aux raids adverses. Sur ce que l'on a vu hier,
il reste beaucoup de travail pour le sélectionneur, car la plupart de ses
consignes n'ont pas été appliquées. Enfin, nul n'ignore que le coach breton a
mis l'accent sur la qualité de la relance, un domaine où ses protégés ont
quelque peu failli lors de ce match. L'objectivité nous oblige à reconnaître
que l'Afrique du Sud s'est avérée un adversaire coriace, difficile à manier,
bien regroupée en défense et misant sur ses deux fers de lance, Marker et
Panti. Si, en première période, les Algériens ont eu le contrôle du match, et
on a eu la nette impression que leur adversaire était à leur portée. Et, à
force de jouer avec le feu, ils ont failli se faire brûler, n'était-ce la
vigilance de M'Bolhi, auteur de trois parades de grande classe. Les raisons de cette
décevante prestation sont claires comme de l'eau de roche : la transmission du
ballon s'est avérée trop lente, ce qui a permis aux Sud-Africains de se
replacer dans leur périmètre. Ensuite, les tirs décochés de loin par les
Algériens ne pouvaient constituer une menace pour le gardien Keet. Enfin, et
une fois de plus, Slimani était trop isolé et fut contré par les deux
défenseurs adverses. On a assisté en seconde mi-temps à un scénario où les
renversements se succédèrent. Ce fut d'abord le but marqué par les
Sud-Africains, ensuite le penalty renvoyé par la barre transversale, puis
l'auto-goal dans les bois des Bafana Bafana, ensuite le boulet de canon de
Ghoulam dans les filets du portier de ces derniers et, enfin, le but de
Slimani, synonyme de tranquillité. Espérons que Gourcuff saura tirer les
enseignements adéquats à propos de ces deux visages de cette équipe nationale
qui n'aura développé son jeu qu'après avoir été menée au score. La réussite, ça
se provoque.