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Les soldes ne font pas recette

par A. Mallem

Quelque 18 commerçants qui ont organisé des soldes sans autorisation de l'administration compétente ont été verbalisés dernièrement par la direction du commerce de la wilaya, nous a révélé hier le directeur de cet organisme M. Zidane Boularak.

« Celui qui ne respecte pas la réglementation liée aux soldes payera l'amende de 100.000 dinars et plus, écopera aussi de la fermeture d'un mois de son local », expliquera à ce propos le directeur du commerce. Pour rappel, la période des soldes d'hiver avait démarré le jeudi 15 janvier dernier pour s'étaler jusqu'au 25 du mois de février prochain (soit 6 semaines). «L'autorisation du wali est signée et moi-même j'ai signé jusqu'à ce jour 28 autorisations suivant les demandes faites par les commerçants qui ont formulé le vœu de participer à cette opération dans la légalité», poursuivra le directeur du commerce. Malheureusement, sur le grand marché du centre-ville, rien n'apparaît encore et nous n'avons remarqué aucun changement chez tous les commerçants que nous avons visités au niveau des grandes places marchandes de la vieille ville : de la rue Ben-M'hidi, R'cif, en remontant par Rahbat Essouf pour déboucher sur la rue Didouche-Mourad et la rue du 19-Juin avec les ruelles alentours. Excepté un seul magasin de la rue Didouche-Mourad qui est tenu par un commerçant syrien qui a lancé l'opération de soldes en suivant scrupuleusement la procédure édictée par la loi, en l'occurrence le décret o6-215 du 18 juin 2006 qui distingue entre les soldes, les promotions et les opérations de liquidation. A noter que jusqu'à présent, et sur tout le territoire algérien, les soldes sont limitées essentiellement (on ne sait pas pourquoi) aux effets vestimentaires, notamment la lingerie féminine et les vêtements pour enfants.

«Eh, vous vous croyez à Paris ? Je présume que vous êtes émigré, ou je me trompe ? », telle est la réponse à la question autour de l'évènement des soldes d'hiver qui a été posée à un commerçant du quartier de R'cif faisant dans la gandoura traditionnelle féminine. Cette réplique ironique dévoile la mentalité de nos commerçants qui, bien qu'ils aient pignon sur rue et une respectabilité bien établie auprès de leur clientèle, n'en évoluent pas moins tous dans une atmosphère informelle. « Voyez tous ces magasins, dira mon interlocuteur pour dissiper mon étonnement : d'un bout à l'autre de cette grande rue commerçante il n'y a pas un qui travaille dans les formes en utilisant la facture. Comment voulez-vous alors qu'on organise des soldes ? C'est un luxe réservé aux pays qui ont une économie organisée, un commerce qui respecte les règles et la réglementation en vigueur et non une économie souterraine et un commerce informel ». Certains expliquent que des commerçants organisent des soldes à longueur d'année, sans qu'ils soient tenu compte d'aucune procédure et sans qu'ils soient le moins du monde inquiétés. « Et puis, dit un propriétaire de magasin, chez nous, les soldes n'ont aucun sens, car tout se vend et les stocks de produits ramenés de Turquie ou de Chine sont liquidés dans des temps records, tellement Constantine est devenue aujourd'hui une place marchande vers laquelle convergent toutes les populations des wilayas environnantes. Regardez le monde qui grouille chaque jour dans ces rues et ces ruelles étroites ! Alors, dites-moi, pourquoi organiser des soldes ? ».