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Grève des capitaines de remorqueurs : Le mouvement des navires paralysé au port d'Alger

par Y. Alilat

Plusieurs capitaines de remorqueurs sont entrés hier lundi en grève illimitée au port d'Alger pour le remplacement et la destitution de leur délégué syndical. Résultat : les activités des navires ont été complètement paralysées.

Aucun navire ne peut plus ni sortir ni entrer au port d'Alger, le plus important du pays en termes de trafic de marchandises. Hier vers 15 heures, la situation était complètement bloquée. Selon une source proche de l'entreprise portuaire d'Alger (EPAL), cette grève « pénalise l'entreprise, prise de fait en otage ». La grève des capitaines de remorqueurs, qui aident les navires à entrer et à sortir du port, « est du ressort de l'union locale de l'UGTA, non de l'Epal », ajoute le chargé de communication, Abderahmane Timizar. Dès lors, « les entrées et sorties de navires sont bloquées », ajoute le même responsable pour qui « l'entreprise et ses 3.000 travailleurs sont pris en otages » par cette grève. En début d'après-midi, l'EPAL, sans doute excédée par ce débrayage, a intenté une action en justice pour faire cesser la grève. L'entreprise, selon son chargé de communication, a engagé une action en justice pour « grève illégale » contre les capitaines de remorqueurs en grève. L'EPAL a ainsi « engagé une action en justice pour traduire les grévistes devant le référée d'heure en heure pour mettre fin à la grève », ajoute M.Timizar. Une seconde action en justice contre ces grévistes a été également engagée par l'EPAL qui va les poursuivre devant le tribunal pénal pour « grève illégale ayant donné lieu à la prise d'otages de bateaux en entrée et sortie ». Cette seconde action en justice est grave, et peut entraîner des sanctions pénales sévères contre les capitaines de remorqueurs grévistes, notamment le grief de « prise d'otages ». Le code maritime international est très clair sur ce délit et intègre même l'acte de prise en otage de navire à un acte de piraterie. Huit navires sont actuellement à quai au port d'Alger en train d'être déchargés alors que sept autres, en rade, sont en attente de rentrer au port.

Pour la direction de l'EPAL, la poursuite du débrayage pourrait entraîner l'arrêt de toutes les activités liées au chargement et déchargement des navires, soit une mise au chômage forcée de quelque 3.000 travailleurs recensés au port d'Alger. Le port d'Alger est sporadiquement secoué de mouvements de protestation et de grèves, la dernière en date remonte au mois de février dernier, les travailleurs de l'Epal revendiquaient le 13eme mois. Au 3eme trimestre 2014, le trafic de marchandises au port d'Alger a enregistré une hausse de 2.831.788 tonnes et un chiffre d'affaires (+8%) de 2,045 milliards de dinars. Le bilan du troisième trimestre 2014 fait également état de l'entrée de 565 navires sur des prévisions de 550 navires.