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Manifestations contre Charlie Hebdo : Entre craintes d'attaques terroristes et arrestations

par Moncef Wafi

Alors que les manifestations contre la caricature du Prophète Mohamed qui a fait la Une de Charlie Hebdo continuent dans les pays musulmans, hier, le Niger a connu une journée particulièrement calme au lendemain d'émeutes qui ont fait cinq morts à Niamey. Les quelque 300 manifestants de l'opposition, qui s'étaient rassemblés dans la capitale nigérienne malgré l'interdiction des autorités, se sont dispersés dans le calme après que la police a fait usage de gaz lacrymogène, provoquant en retour insultes et jets de pierres. Une manifestation qui avait plus une couleur politique puisque décidée par l'opposition qui entendait notamment dénoncer les pressions subies par les partis d'opposition et la mauvaise gouvernance. Samedi, les manifestations contre le journal satirique français a dégénéré en heurts opposant la police aux protestataires devant la grande mosquée de Niamey. Cinq personnes sont mortes et une dizaine d'églises et des commerces appartenant à des chrétiens ont été incendiés. Vendredi, cinq personnes ont également perdu la vie dans des émeutes similaires à Zinder, la deuxième ville du pays. En Iran, des étudiants ont appelé à manifester aujourd'hui devant l'ambassade de France à Téhéran pour les mêmes raisons. Le rassemblement est prévu à 11h30 avec la participation de plusieurs dizaines de membres du Parlement, dont ceux des minorités religieuses reconnues (chrétienne, juive et zoroastrienne), a déclaré un membre de la Confédération des associations islamiques des étudiants indépendants.

Pendant ce temps, la police allemande a interdit tout rassemblement public en plein air pour aujourd'hui à Dresde, en raison d'un « risque terroriste concret » pesant sur la manifestation hebdomadaire organisée par le mouvement anti-islam Pegida (Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident). Selon l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, les services de renseignements allemands redoutent de possibles attaques terroristes contre Pegida après avoir été informés par leurs homologues de communications entre des «djihadistes connus» dans lesquelles étaient évoquées de «possibles attaques contre les marches hebdomadaires de Pegida». Ce dernier a déjà annoncé, hier, l'annulation de sa manifestation invoquant sur sa page Facebook «des raisons de sécurité» après une présumée menace de mort émanant du groupe Daech contre l'un des organisateurs. Les rassemblements de Pegida, organisés depuis octobre dernier, rassemblent un nombre toujours croissant de personnes à Dresde. Par ailleurs, et toujours en Allemagne, une dizaine de perquisitions au sein de la «mouvance islamiste» ont été effectuées à Berlin et deux personnes ont été arrêtées. En Italie, neuf étrangers soupçonnés d'appartenir à la mouvance djihadiste ont été expulsés depuis décembre dernier alors qu'une liste d'une centaine de suspects, considérés comme proches de la mouvance, a été établie, selon le ministre italien de l'Intérieur, Angelino Alfano. Cinq Tunisiens, un Turc, un Egyptien, un Marocain et un Pakistanais ont ainsi été expulsés dans une première vague d'expulsions. En Belgique, la justice poursuit son enquête après le démantèlement d'une cellule djihadiste près de Liège qui projetait des attaques contre les forces de l'ordre. Bruxelles a tenu à démentir, hier, tout lien avec les arrestations de samedi d'au moins quatre hommes à Athènes. En France, neuf personnes soupçonnées d'être liées à Coulibaly et d'avoir pu lui apporter un soutien logistique, en armes et véhicules notamment, ont vu leur garde à vue prolongée jusqu'à demain soir, sur les 12 personnes qui ont été interpellées dans la nuit de jeudi à vendredi dans différentes communes autour de Paris. Trois femmes, les compagnes des suspects, ont été libérées. Quant à Chérif Kouachi, 32 ans, il a été inhumé comme son frère aîné, Saïd, dans la plus grande discrétion, dans la nuit de samedi près de Paris. Quant à Amedy Coulibaly, une partie de sa famille a indiqué à l'AFP n'avoir pas encore pris de décision.