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Les jeux de rôle de Hollande

par Moncef Wafi

Le président français en fait-il trop ? L'interrogation est légitime vue de l'extérieur d'une France qui veut impérativement se construire son

11-Septembre à deux ans d'un scrutin présidentiel qui donnait, il n'y a pas plus de deux semaines, François Hollande grand perdant du premier tour de 2017. Un Hollande, déjà maladroit ou provocateur en 2013, lors d'un discours devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), quand il a salué sur le ton de l'humour, selon la version officielle, son ministre de l'Intérieur de l'époque, Manuel Valls, revenu «sain et sauf» d'Algérie. Le chef de l'Etat français, au plus bas dans les sondages à cause de sa politique intérieure, décriée par sa propre famille politique pour ses choix économiques et sociaux, laminé par la sortie du très médiatique «Merci pour ce moment» de son ex-compagne Valérie Trierweiler, semblait en perte de vitesse jusqu'à ce 7 janvier, jour de l'attaque des locaux de Charlie Hebdo. Si, depuis sa prise de fonction présidentielle, il comptait ses heures de gloire sur les champs de bataille au Mali et prochainement en Libye, le passage à l'acte des trois djihadistes en plein Paris semble lui redonner un peps certain et une remontée notable dans les sondages. Cette dynamique est entretenue par les spins doctors de l'Elysée trouvant son apogée dans ce show ultra médiatisé du 11 janvier avec le défilé d'une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement pour dénoncer le terrorisme. La veine toute trouvée n'est pas près de se tarir puisque Paris continue de surfer sur cette vague en faisant de Hollande le chef de guerre qu'il n'est pas. Un costume de général à endosser à défaut de celui d'homme d'Etat, le seul qui peut encore lui faire entretenir un infime espoir d'être réélu d'ici deux ans. Le gouvernement socialiste jouant à fond la carte du danger islamiste mais de l'intérieur, cette fois, entend faire durer cette stratégie dans le temps privilégiant les discours alarmistes et entretenant sciemment les amalgames capables et coupables de détourner l'opinion publique française de ses problèmes au quotidien. La fameuse main étrangère, chère aux pays totalitaires, reproduite par la France pour se chercher un bouc émissaire à ses problèmes internes. L'islam et l'immigration sont tout désignés pour ce rôle et du coup s'approprier les deux chevaux de bataille de la droite et de l'extrême-droite en perspective des prochaines échéances électorales. L'offensive du locataire de l'Elysée ne s'arrête pas là puisqu'il a encore dérapé en menaçant ceux qui brûlent le drapeau tricolore à l'étranger lors des manifestations anti-françaises, rappelant le rôle de son pays dans la lutte contre le terrorisme et donnant des leçons à qui veut l'entendre sur la liberté d'expression à la sauce française. Un cynisme qui n'a d'égal que le silence des dirigeants arabes devant tant de morgue.