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Une solidarité sans faille

par Adjal Lahouari

Au fil des mois, les observateurs et les fans découvrent, à petites doses, la méthode Gourcuff. A titre d'exemple, un autre entraîneur aurait certainement mis l'accent sur le match face à la Tunisie et nécessairement sur le résultat. Gurcuff, lui, a préféré évacuer l'idée même d'une revue d'effectifs qui aurait laissé croire que certains joueurs passaient un examen avec la pression que cela suppose. Il a qualifié ce derby maghrébin «d'évaluation sur le plan collectif et donc un test pour valider la préparation de huit jours effectuée à Sidi-Moussa». Etant donné que le technicien breton a pris ses fonctions après le Mondial avec l'impérieuse nécessité de la qualification à la CAN 2015, on peut donc considérer que son véritable travail a démarré en ce début du mois de janvier 2015, avec comme principal objectif, l'amélioration des automatismes.

D'ailleurs, au centre technique de Sidi-Moussa, il a mis en place des « ateliers » destinés à faciliter la conservation du ballon, l'écartement du jeu vers les ailes et les centres à partir de ces dernières.

Ceci dit, quels sont les enseignements à tirer de ce match entre les deux grands du Maghreb ? Il est certain que ce résultat nul ne peut être satisfaisant pour les Tunisiens en prenant en considération deux importants paramètres à savoir qu'ils ont évolué à domicile avec les avantages que cela implique comme repères sur le terrain de Radès et le soutien de leur public. Le second élément n'est autre que l'expulsion de Cadamuro, l'un des deux défenseurs centraux. Or, les hommes de Leekens n'ont pas su et pas pu profiter de cette supériorité numérique, comme l'atteste le score final. On peut donc dire que la décision de l'arbitre marocain a influé sur le déroulement du match.

En effet, en première période, les Fennecs ont étalé une séduisante manière de jouer, avec des relances propres à partir de la défense avec des développements au milieu du terrain grâce aux solutions offertes au porteur du ballon. Cette supériorité manifeste aurait dû se matérialiser bien avant l'ouverture au score par Cadamuro sur corner, Slimani, Feghouli et Mahrez ayant donné des soucis au gardien Mathlouti.

En procédant à cinq remplacements, Gurcuff a choisi la voie de la sagesse. Slimani, irrité par l'arbitrage, a été sorti à la mi-temps, ce qui prive l'EN de son principal buteur. En lançant dans le bain Bougherra et Taïder, il a tenté de rééquilibrer son équipe. Enfin, il a préservé Brahimi, Lacen, Feghouli et Mahrez, des titulaires indiscutables. L'expulsion inattendue de Cadamuro a donc contraint le coach français à changer son dispositif tactique, exhortant ses poulains à évoluer en bloc dans leur propre périmètre et à lancer des contres.

Ce nouveau positionnement a certainement perturbé les Tunisiens qui ont dû se contenter d'une possession de balle finalement improductive, leurs tentatives échouant entre les lignes des camarades de M'bolhi, très solidaires avec des joueurs de devoir comme Taïder, Kadir, Soudani et Bougherra.

Il faut mentionner des indices susceptibles de réconforter Gourcuff et ceci indépendamment du jeu collectif fourni en première période. Il s'agit du nombre de corners favorables aux Algériens, mais également des hors-jeu. La défense avancée de l'EN a piégé à six reprises les attaquants tunisiens, ce qui est plus important qu'on ne le croit car cela signifie que les « lignes » sont rapprochées, ce qui est le garant d'une circulation de balle rationnelle chère à l'entraîneur de l'EN.

L'autre indice, moins important, a trait au nombre de fautes commises par les Tunisiens en seconde mi-temps (16) ce qui traduit leur irritation face à une équipe réduite à dix. Il ne fait pas l'ombre d'un doute que Gourcuff saura tirer de précieux enseignements de ce match à deux visages. L'expulsion de Cadamuro à révélé un autre côté positif à savoir une solidarité sans faille malgré la sortie de plusieurs titulaires.

Certes, ce n'est pas la perfection, loin de là, mais la forme affichée par nos Fennecs conforte l'optimisme général. Cette fois, en Guinée équatoriale, il faudra rester vigilant sur les coups francs alors qu'en principe, les protégés de Gourcuff devraient être capables de trouver le chemin des filets adverses sur des actions collectives, leur marque de fabrique désormais.