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Cuirs et textiles : Des décisions qui peinent à se concrétiser

par El-Houari Dilmi

« On parle trop sur la relance de l'appareil économique en Algérie, mais sur le terrain cahoteux de la réalité, les choses n'avancent pas comme il le faudrait» a tranché, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, M. Amar Takdjout, le secrétaire général de la Fédération textile et cuir de l'UGTA.

«Si de nombreuses rencontres, dont trois conférences nationales, ont été consacrées au sujet, que des décisions avaient été arrêtées à ce propos, tout cela n'a pas donné lieu à des résultats probants, jusqu'à aujourd'hui» a-t-il insisté. Selon M. Amar Takdjout, «il y a maldonne quelque part ; je ne comprends pas toutes ces lenteurs que nous constatons sur le terrain de la réalité ; toutes les décisions prises semblent peiner à trouver le chemin pour leur concrétisation sur le terrain» a-t-il expliqué. «On n'est pas très sérieux quand on parle d'économie en Algérie, parce que nous ne sommes pas encore sortis de la culture de la rente pétrolière» a-t-il souligné. «Ce sera une faute très grave que d'attendre une reprise à la hausse des prix du pétrole» a-t-il alerté.

Interrogé sur les grands chantiers qui tardent à se mettre en place, le secrétaire général de la fédération textile et cuir parlera du grand retard de la restructuration, maintes fois annoncée, du secteur public marchand, dont il était attendu la création de plusieurs grands groupes industriels» a-t-il répondu. «L'objectif que le secteur industriel atteigne 4 à 5 % du PIB est une chimère en l'état actuel des choses» a tranché Amar Takdjout, ajoutant que «cela fait cinq ans qu'on parle de ce projet destiné à jeter les bases d'une économie dynamique, mais rien ne s'est concrétisé». Se disant «pas très optimiste quant à une avancée rapide des choses», l'invité de la Chaîne III a estimé que «le temps agit contre nous». La résolution du problème de la dépénalisation de l'acte de gestion, la restructuration des entreprises, l'adoption de lois pour assouplir leur gestion, l'assainissement de l'environnement économique, sont autant de chantiers qui n'avancent pas sur le terrain, sans parler d'une bureaucratie de surcroit pesante ; tout ça est discuté et rediscuté, mais sans résultats probants» a-t-il tonné. Ne prenant pas de gants pour dresser un constat des plus sévères sur l'état de l'économie nationale, Amar Takdjout s'est demandé si «face à la situation difficile que vit le pays, les responsables ne sont pas enfermés dans une bulle ou carrément bien autistes» a-t-il souligné, avant de s'interroger si les mêmes responsables «écoutent le président de la République ou font semblant de l'écouter ?». La culture du coton et l'introduction de la fibre synthétique pour la relance de la filière textile sont «deux dossiers à chaque fois sortis avant d'être rangées à nouveau dans les tiroirs, sans parler de la filière cuir qui est totalement désorganisée, alors qu'elle peut constituer une ressource en devises très appréciable» a déploré Amar Takdjout, ajoutant que l'Algérie «favorise le container et importe aujourd'hui de la chaussure et du tissu bas de gamme à 99% de ses besoins, d'un peu partout dans le monde». C'est avec une économie primaire comme celle du textile et du cuir «que nous pouvons créer beaucoup d'emplois et relancer l'industrie manufacturière, qui a été totalement abandonnée» a-t-il ajouté. «Avec plus de 60 milliards d'importations par an, il y a un risque réel que le pays retombe dans la spirale de l'endettement, avant de se retrouver sous tutelle» a alerté le secrétaire général de la fédération textile et cuir de l'UGTA. Au sujet du discours récent du chef de l'Etat appelant à une responsabilisation de tous pour relancer l'appareil économique du pays, M. Amar Takdjout s'est dit «très inquiet de la situation de statut quo» qui s'en est suivi à divers échelons des responsabilités. «L'heure est grave ; il faut absolument réagir en prenant conscience que le temps travaille contre nous» a-t-il conclu.