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Les synagogues et les écoles juives sous haute surveillance en France : 10.000 militaires mobilisés

par Moncef Wafi

 

La demande des organisations juives de France, reçues par François Hollande, semble avoir été entendue puisque 4.700 policiers et gendarmes sont mobilisés depuis hier pour sécuriser les 717 écoles et lieux de culte juifs de France. L'annonce a été faite par le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a précisé que des soldats seront envoyés en renfort dans les 48 heures. Dimanche dernier, et avant la marche républicaine qui a mobilisé près de quatre millions de personnes descendues dans les rues du pays, ainsi que la présence symbolique d'une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernements pour rendre hommage aux 17 victimes des trois jours qui ont ébranlé Paris, Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), avait déclaré avoir reçu des assurances sur la protection des lieux de culte et d'enseignement hébraïques «si nécessaire, au-delà de la police par l'armée».

Bernard Cazeneuve a souligné, hier, avoir «décidé d'une protection puissante et durable» des écoles et lieux de culte hébraïques de France. Les écoles juives, comme les lieux de culte israélites, font l'objet d'une protection permanente en France. Ils ont déjà été pris pour cible lors d'attentats islamistes. En mars 2012, Mohamed Merah avait tué trois élèves et un enseignant dans une école juive de Toulouse. Par ailleurs, et à partir d'aujourd'hui, 10.000 soldats seront déployés dans le cadre du plan Vigipirate, maintenu à son niveau le plus élevé depuis mercredi après les derniers attentats, pour assurer «la sécurité des points sensibles du territoire», a annoncé, de son côté, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, pour faire face à «l'ampleur des menaces» pesant sur la France.

Selon une source militaire citée par la presse française, 7.500 soldats, principalement des fantassins, sont sur le terrain dès hier soir et il y aura plus de militaires déployés en France que pour les opérations extérieures. Manuel Valls expliquait que «4.100 gendarmes mobiles et CRS sont déjà déployés». François Hollande avertissait ce vendredi que son pays «n'en a pas terminé avec les menaces» alors que Harith al-Nadhari, un responsable religieux de l'organisation Aqpa, Al-Qaïda dans la péninsule arabique, a menacé dans une vidéo diffusée vendredi soir la France de nouvelles attaques sans pour autant revendiquer celles contre Charlie Hebdo ou de Montrouge. Il a déclaré également dans l'enregistrement que les attaquants faisaient partie des «fidèles soldats de Dieu» qui ont enseigné aux Français les limites de la liberté d'expression.

Hormis les interrogations sur «des failles» dans la sécurité du pays engagé sur plusieurs théâtres d'opération dans le monde contre les mouvements djihadistes, Paris plaide pour un renforcement des systèmes d'écoutes dans les enquêtes antiterroristes et affiche son souhait de généraliser l'isolement en prison des islamistes radicaux pour prévenir le prosélytisme sans pour autant répondre aux exigences de la droite de renforcer la législation antiterroriste. Roger Cukierman suggère, lui, à la justice française «des mesures préventives, peut-être électroniques» pour surveiller «ceux qui sont supposés être des djihadistes sur le territoire national».

Sur un autre registre, le parquet de Paris a ouvert, hier, une enquête pour apologie du terrorisme contre Dieudonné, plusieurs fois condamné pour antisémitisme, qui avait écrit la veille sur sa page Facebook: «Je me sens Charlie Coulibaly» en référence à Amedy Coulibaly tué lors de la prise d'otages à la Porte de Vincennes.