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Congrès de l'UGTA : Sidi Saïd plébiscité

par M. Aziza

L'ouverture des travaux du 12 ème congrès de l'UGTA a eu lieu hier à l'hôtel El Aurassi en présence du 1er ministre Abdelmalek Sellal et une partie de son staff ainsi que par la présence en force du patronat public et privé. La question économique a primé sur celle de la réélection d'Abdelmadjid Sidi Saïd à la tête de l'UGTA. Une reconduction déjà dans l'air étant donné que les quatre regroupements régionaux (Est, Ouest, Sud et Centre) avaient déjà plébiscité le candidat sortant.

Au moment où une dizaine de contestataires dénonçaient l'illégitimité du congrès à l'entrée d'El Aurassi, Sidi Saïd plébiscité à la tête de la centrale syndicale a, dans son allocution d'ouverture, demandé aux 800 délégués participant au congrès et aux travailleurs «de rendre hommage au président de la République qui a pris des décisions courageuses à la faveur des travailleurs». Entre autres, l'abrogation de l'article 87 bis, attendue depuis 20 ans et les mesures prises pour rationaliser les importations en encourageant les produits nationaux.

Abdelmadjid Sidi Saïd a plaidé pour une protection de la production nationale en précisant que le patriotisme économique n'est pas une honte. Il a cité l'exemple des Etats-Unis qui viennent d'interdire l'importation des panneaux solaires de la Chine pour protéger les produits américains.

Le SG de l'UGTA a appelé les travailleurs à plus de solidarité en favorisant le dialogue et les négociations avec le gouvernement au lieu des grèves «qui rapportent moins en matière d'acquis». Il affirme auprès de l'assistance qu'«on peut revendiquer en faisant des propositions, sans recourir ni à la violence ni aux grèves», a-t-il souligné. Il s'est dit convaincu que les travailleurs peuvent avoir plus de droit tout en se rapprochant du gouvernement. Il ironise «si vous les insultez, vous n'aurez aucun sou». Et pour convaincre, il illustre ses propos par le fait que la majorité des propositions avancées par l'UGTA ont été satisfaites par le gouvernement. Sidi Saïd lance un appel pour «une solidarité mutuelle» pour amorcer la bataille «de l'industrialisation» et renforcer nos capacités en matière de production nationale «le seul levier qui mène vers l'émergence économique».

Pour Sidi Saïd, «la chute des prix du pétrole n'est pas un drame». «Toutes les personnes qui peuvent construire doivent travailler ensemble, il n'y a pas aujourd'hui de clivage entre le privé et public, il y a aujourd'hui l'entreprise algérienne».

Le secrétaire général du FLN Amar Saadani a, quant à lui, dénoncé encore une fois «la guerre économique qui vise certains pays dont l'Algérie». Il a affirmé qu'on est dans la deuxième phase du «printemps arabe» et les «pays qui n'ont pas pu être détruits militairement, les grandes puissances veulent les achever économiquement». «C'est un plan destructeur sur le plan économique qui vise la Russie, l'Iran, le Nigeria et l'Algérie». Il poursuit en accusant les Etats-Unis «d'avoir exercé des pressions sur ses alliés, producteurs de pétrole, pour provoquer une crise des prix du pétrole».

Mais, pour Saadani, les Algériens sont conscients et solidaires. «On est tous réunis aujourd'hui pour ce congrès de l'UGTA, presse, partis politiques, syndicats autonomes et publics et ministres pour dépasser cette contrainte économique et avorter ces plans destructeurs».

Pour l'expert Mebarek Malek Serrai, l'Algérie n'est pas en crise. «On est en début de crise, on ne sait comment ça va évoluer. Déjà hier, le pétrole a remonté un peu», a-t-il soutenu se voulant rassurant. Et d'affirmer qu'on ne peut parler aujourd'hui «d'austérité» mais de meilleure gestion et meilleure transparence, notamment dans la gestion des importations. «On a dépassé les 60 milliards de dollars d'importations, il faut arrêter ce massacre», a-t-il indiqué avant de prôner en urgence une «liste utile d'importation» qui ne sera plus financée par les banques.