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Une mascarade d'assises syndicales

par Kharroubi Habib

L'UGTA étant une pièce maîtresse du dispositif sur lequel le pouvoir s'appuie pour faire échec à toute forme de contestation et de remise en cause des politiques qu'il entreprend, il n'y a pas à attendre qu'il permette l'arrivée à sa tête de responsables dont il ne soit pas sûr qu'ils sont à son égard dans l'allégeance stricte et sans nuance dans l'affirmation. Ce critère de choix étant déterminant et le secrétaire général sortant Abdelmadjid Sidi Saïd le remplissant pleinement, la question de sa succession ne donne lieu à aucun suspense.

Le 12ème congrès de l'UGTA applaudira bruyamment sa reconduction aux commandes de la centrale programmée et décidée là où se tranchent ce genre de problèmes.

Ce ne sont pas les velléités de fronde en interne qui se sont manifestées contre Sidi Saïd et sa gestion de la maison syndicale qui vont entraver le processus de sa reconduction. Ceux qui les ont animées ne sont pas représentatifs d'un courant susceptible d'influer sur le déroulement du congrès tel qu'il a été par avance écrit. Ce qui reste d'encadrement et de troupes à la centrale syndicale n'est animé d'aucune velléité d'aller contre une reconduction dont la contrepartie pour leur organisation est qu'elle continuera à bénéficier du monopole de la représentation syndicale et des « avantages » qu'il procure.

Les voix qui se sont élevées en interne pour revendiquer un changement de direction à la tête de la centrale n'ont trouvé d'écho qu'auprès d'une presse passée maîtresse dans l'art de monter en épingle le moindre petit conflit de personnes ou d'intérêt et d'en faire l'annonciateur de chambardements décisifs. Celles qui pouvaient se faire entendre et être suivies ont été implacablement neutralisées et mises hors d'état de prêcher contre les orientations qui font de la centrale syndicale UGTA un appendice du pouvoir voué à maintenir les travailleurs dans la « maison de l'obéissance ». Les plus combatifs d'entre les opposants à la mise en tutelle de l'organisation ont compris que vouloir la prendre de l'intérieur est chose impossible tant le pouvoir en a verrouillé la perspective. Ils sont allés créer ou renforcer des appareils syndicaux rivaux dans l'espoir de redonner du sens à l'exercice du syndicalisme dont celui que pratique l'UGTA est devenu une caricature.

Ils n'ont que le qualificatif usurpé de syndicalistes, les participants ayant été sélectionnés à prendre part au congrès machine à plébisciter qui se déroule à l'hôtel Aurassi. Tout au long de cette grande messe censée démontrer l'adhésion et le soutien du monde du travail au pouvoir et à sa politique, il n'y aura pas la moindre voix de discordance et encore moins de tentative d'en contrecarrer l'issue qui en sera la « triomphale » réélection de l'homme qui a déclaré « assumer » avoir fait perdre des centaines de milliards à la Caisse nationale des assurances sociales et revendique d'être un fidèle d'entre les fidèles d'un pouvoir prédateur conduisant le pays et son économie vers une immense et dramatique catastrophe aux conséquences desquelles le monde du travail n'échappera certainement pas.