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Le cri de détresse des marins-pêcheurs

par M. Aziza

Le vice-président du Syndicat national des marins-pêcheurs, Lakhdar Benalia, réclame la levée de l'interdiction de pêcher au port d'Alger. «Une mesure en vigueur, depuis 2004, qui a pénalisé une centaine de chalutiers», précisent-ils.

Le représentant des marins-pêcheurs a indiqué, lors d'une conférence de presse, tenue hier, au siège de l'UGCAA, que «la rareté et la cherté du poisson est due aux mesures contraignantes imposées aux professionnels, alors que les importateurs jouissent de toutes les facilités possibles pour importer du poisson congelé du Sénégal, de Mauritanie, de Tunisie et d'Espagne», a-t-il martelé. Le conférencier regrette le fait que l'Algérie, qui dispose de 1.200 km de côtes, ne produit que 87.000 tonnes de poisons, par an, selon, le comité national des marins et 187.000 tonnes, par an, selon les données officielles du ministère de la Pêche. Et importe en quantité importante du poisson congelé, dont le volume s'élève à 400.000 tonnes, par an. «A qui profite cette situation ?», s'interrogent des marins-pêcheurs, ayant participé à la conférence de presse, dont certains sont venus du port de pêche de Mostaganem.

Ces derniers interpellent les autorités en précisant que ce qui menace les espèces marines, ce ne sont pas les professionnels du secteur, mais la mainmise de la mafia du secteur qui trouve son compte dans l'absence de contrôle et le non-respect des lois.

Ils ont, également, souligné que ce qui «menace nos espèces marines est la pollution qui a atteint un degré intolérable». «Il n'y aura plus de poissons dans les ports de pêche des grandes villes côtières, d'ici 5 à 10 ans», dira Lakhdar Benalia, en évoquant les rejets industriels en mer, les déversements des produits chimiques hautement polluants, en absence de stations d'épuration, ainsi que les différents déchets existants. «125.000 bateaux transitent dans nos eaux, avec tout ce qu'ils rejettent en mer», enchaîne le président du Comité national des marins, Hocine Bellout. Et de préciser que la majorité des stations d'épuration, installées dans 14 wilayas côtières du pays, et financées par la FAO, dans le cadre de la sauvegarde des espèces maritimes de la Méditerranée, ne fonctionnent pas, faute de «turbine» ! «Cette situation doit interpeller, en premier lieu, la conscience des responsables censés défendre l'environnement et protéger les ressources et la chaîne alimentaire marine d'une éventuelle disparition». Les marins-pêcheurs de la wilaya de Mostaganem se disent, quant à eux, victimes des nouvelles expériences : celles relatives à la relance économique et des dispositifs de l'Ansej et de la Cnac. Ils ont dénoncé le manque d'accompagnement de la part des responsables de ces dispositifs ainsi que de la Banque de l'Agriculture et du Développement rural (BADR) qui réclament le payement des dettes des pêcheurs, sans répondre, à temps, à leurs doléances. Les marins-pêcheurs ne demandent pas un effacement de la dette, mais l'effacement des intérêts et un échelonnement de leurs créances, qui se sont accumulées suite aux conditions défavorables de la pêche et la gestion catastrophique des ports de pêche. «Nous étions des chômeurs sans dettes et nous sommes devenus des chômeurs avec des dettes», lance un marin-pêcheur qui s'est retrouvé noyé dans les dettes. Les marins-pêcheurs appellent les responsables du secteur à respecter leur engagement, notamment par rapport au statut du marin-pêcheur, revendiqué depuis 2005 et la mise en place d'une caisse pour garantir une source de revenus aux pêcheurs, durant la période de repos biologique. Ainsi que la mise en place de salles de soins, dans tous les ports.