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Cohérence et constance chez Hamrouche

par Kharroubi Habib

Mouloud Hamrouche a clairement pris ses distances d'avec la CNLTD qui prône et milite pour l'instauration d'une transition démocratique après l'éviction préalable du pouvoir de Bouteflika et de son clan. Mais aussi d'avec le pôle du changement et de son chef de file Ali Benflis, lesquels préconisent la tenue d'une élection présidentielle anticipée.

Cette double prise de distance de la part de l'ancien chef de gouvernement de Chadli n'est pour surprendre et étonner que ceux qui ont vu dans sa participation à la conférence nationale de l'opposition organisée à Zéralda le 10 juin dernier par la CNLTD le signe qu'il acquiesçait aux préconisations politiques ayant été formulées dans la plateforme rédigée par les partis et personnalités membres de cette coordination. Pour autant, Hamrouche n'a pas déserté le camp du changement qu'il a appelé de ses vœux beaucoup bien avant ceux dans l'opposition qui en font maintenant leur fonds de commerce politique. Il plaide toujours en faveur du changement mais sans bercer d'illusions les citoyens à qui il s'adresse.

Ce changement, Hamrouche ne l'estime envisageable que si s'établit dans le pays un nouveau consensus national duquel ne seront exclues nulles forces vives du pays. Ce consensus national pour lequel plaide l'ancien chef du gouvernement ne peut se réaliser ni par la démarche adoptée par la CNLTD ni par celle faite sienne par le pôle du changement et Ali Benflis. Les deux sont jugées par lui irréalistes dans le contexte du rapport de force existant dans le pays entre le pouvoir et les oppositions concernées.

S'agissant du but que la CNLTD caresse d'atteindre, Hamrouche a déclaré ne pas y souscrire en se déclarant ne pas être dans la logique dont il découle. Pour lui, le discours en la matière prôné par la CNLTD s'inscrivait dans «une logique d'alternance au pouvoir» qui ne sera rien d'autre qu'une «alternance d'individus». Quant à la proposition faite et défendue par Ali Benflis et le pôle du changement d'une élection présidentielle anticipée, Hamrouche en connaisseur réaliste du système l'écarte car selon lui elle ne «peut produire que ce que nous vivons aujourd'hui».

En clair mais sans désavouer l'opposition, Hamrouche lui fait comprendre qu'elle n'a pas les moyens de ses ambitions et qu'un changement politique dans le pays ne peut attendre qu'elle crée le nouveau rapport de force qui obligerait le pouvoir à l'écouter. Tout comme le FFS, l'ancien chef du gouvernement cherche à convaincre qu'il est possible d'aller pacifiquement sur la voie du changement par le dialogue et la concertation dont les protagonistes mettraient de côté leurs intérêts claniques, partisans ou personnels pour ne mettre en avant que ceux de la nation dont tous sont conscients qu'elle traverse une phase cruciale et extrêmement dangereuse car s'y profilent des menaces sur sa stabilité de même que sur son identité. C'est plus en lanceur d'alerte qu'il faut désormais voir et entendre Mouloud Hamrouche qu'en acteur politique dont l'horizon se limiterait à plaider pour une alternance politique qui ne sera au final que celle d'individus comme il l'a si justement qualifié.