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Journée d'études sur les maladies professionnelles : Le cancer professionnel? reflet des inégalités sociales de santé

par J. Boukraâ

Une journée d'étude sur le cancer professionnel a été organisée, lundi, par le GRAS (Unité de Recherches en Sciences Sociales) de l'Université d'Oran. Animée par le Dr. Bendoukha Nadjet, la rencontre avait pour thème: « Le cas de cancer: point de vue d'un médecin du Travail ». En effet, les cancers professionnels représentent une catégorie des cancers qui est, trop souvent, laissée en marge, alors que chaque année, en Algérie, des dizaines de personnes sont atteintes de cancer professionnel, dont 300, suite à une exposition à l'amiante. Dans la majorité des cas, le cancer survient à un âge tardif, souvent après le départ du travailleur à la retraite. La période entre l'exposition au risque et l'apparition du cancer est souvent longue (plusieurs dizaines d'années après l'arrêt de l'activité, exposant aux risques). Selon les chercheurs du GRAS : « En Algérie, très peu d'études se sont intéressées à l'incidence des cancers professionnels, sur les ouvriers ou salariés dans leurs lieux de travail». L'atteinte cancéreuse d'origine professionnelle est le reflet, aussi, des inégalités sociales de santé. Elle toucherait, beaucoup plus, les ouvriers que les cadres et professions intellectuelles. Des recherches sociologiques insistent, notamment, sur l'invisibilité des cancers professionnels et le rôle du travail dans la construction sociale de ces inégalités et cela, malgré les connaissances scientifiques et épidémiologiques sur les cancers professionnels. Entre 4 et 8,5 % de nouveaux cas de cancer seraient dus à une exposition à des agents cancérogènes, dans le cadre du travail. Chez les ouvriers, la part des cancers imputables à l'activité professionnelle atteindrait près de 20 %. Parmi les différents types de cancers, ayant une origine professionnelle, ceux des voies respiratoires sont les plus fréquents. Viennent ensuite les cancers ORL, les leucémies, les cancers de la vessie, de la peau ainsi que ceux du foie et de la plèvre. Ils peuvent être pris en charge au titre des maladies professionnelles. Les spécialistes déplorent l'absence d'une réglementation ou d'une législation qui obligerait les employeurs à prendre en charge les travailleurs, en les soumettant à un examen médical tous les 2 ans.

Une maladie est qualifiée de professionnelle si elle est la conséquence directe de l'exposition d'un travailleur à un risque physique, chimique, biologique, ou si elle résulte des conditions dans lesquelles il exerce son activité professionnelle.