Comme attendu,
sitôt la prise de pouvoir officialisée ce samedi par l'armée qui a désigné le
lieutenant-colonel, Isaac Zida, numéro deux de la garde présidentielle, pour
diriger un régime de transition, la communauté internationale a vivement réagi,
Washington en tête de file. La Maison-Blanche a ainsi ouvertement condamné hier
la prise de pouvoir annoncée par l'armée au Burkina Faso. Dans la nuit de
samedi, les Etats-Unis d'Amérique, un des alliés privilégiés du Burkina, ont
appelé «l'armée à transférer immédiatement le pouvoir aux autorités civiles»,
selon la porte-parole du département d'Etat, Jen Psaki.
Sans évoquer
nommément un putsch militaire, les Américains n'en pensent pas moins en
condamnant «la tentative de l'armée burkinabé à imposer sa volonté au peuple du
Burkina Faso» en référence à la dissolution de l'Assemblée nationale, seule
apte, selon la Constitution du pays, à assurer l'intérim en cas de vacation du
pouvoir. Le lieutenant-colonel Zida a déclaré, ce samedi, l'avoir suspendue
entre-temps. L'ONU et l'Union africaine qui avaient annoncé dès jeudi l'envoi
d'émissaires sur place pour essayer, aux côtés de la Communauté économique des
Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), d'organiser au mieux la transition
politique, a évoqué la menace de «sanctions». L'émissaire onusien pour
l'Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas, a été clair sur ce sujet et les
menaces à peine voilées au cas où il n'y aurait pas une transition «conduite
par un civil, conforme à l'ordre constitutionnel». Cette levée de boucliers
intervient dans le sillage du communiqué rendu public, samedi, par l'armée
burkinabé désignant le lieutenant-colonel Zida pour conduire la transition. Un
communiqué qui met fin à un début de tension né suite à l'annonce faite ce
vendredi après-midi par le chef d'état-major, le général Nabéré Honoré Traoré,
qui avait déclaré assumer les «responsabilités de chef de l'Etat», quelques
heures seulement après la démission du président Compaoré. Washington avait
déjà réagi à propos de cette auto-proclamation du général Traoré en condamnant
«fermement toute tentative de prise de pouvoir par des moyens qui ne sont pas
conformes à la Constitution». Sur le plan interne, et malgré les assurances du
nouvel homme fort du Burkina qui a invité et les partis politiques et la
société civile à définir les premiers jalons d'une «transition démocratique
apaisée». Une démarche refusée par ces derniers qui exigent un pouvoir civil.
Hier, l'appel à la démonstration de force de la population n'a pas eu les
effets escomptés puisque le rassemblement place de la Nation, l'équivalent de
la place Tahrir égyptienne ou le Taksim turc, s'est soldé par un échec, avec
seulement un millier de personnes présentes, selon un correspondant de l'AFP.
«La victoire issue de l'insurrection populaire appartient au peuple, et par
conséquent la gestion de la transition lui appartient légitimement et ne
saurait être en aucun cas confisquée par l'armée», ont écrit les partis de
l'opposition et les associations de la société civile dans un communiqué
commun. Elles ont aussi souligné «le caractère démocratique et civil» de cette
transition.