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L'opposition en demeure d'augmenter sa pression

par Kharroubi Habib

Face au pouvoir qui n'entend pas mettre fin au sclérosant statu quo politique qui lui permet de rester aux commandes du pays malgré des échecs fracassants mettant en péril la stabilité et l'intégrité de la nation, l'opposition est contre toute attente parvenue à engager une dynamique politique qui lui a permis de constituer un front uni dont les composantes ont convenu au-delà de leurs divergences doctrinales de s'en tenir solidairement à un minimum de revendications phares centrées sur la demande du changement politique dont la société civile algérienne manifeste la demande de manière de plus en plus incisive.

Nombre de citoyens jusque-là réservés sinon incrédules quant aux capacités de cette opposition à surmonter ses propres contradictions pour se fédérer en un bloc susceptible de lui permettre d'instaurer un rapport de force qui contraindrait le pouvoir à l'écouter, prêtent une oreille attentive à ce qu'elle prône et perçoivent avec sympathie le contenu de la feuille de route qu'elle s'est fixé de concrétiser. Il est incontestable que se manifestant de cette façon l'opposition a quelque peu surmonté le déficit de crédibilité qui a été le sien au sein de l'opinion publique et en faisait une force politique de peu de poids incapable d'influer de manière agissante sur les événements ayant conditionné la vie politique nationale.

Cette opposition a donc bougé et dans le bon sens. Il lui reste toutefois à démontrer que la dynamique politique qu'elle a engagée n'est pas feu de paille et qu'elle s'y maintiendra autant que le pouvoir persistera à s'en tenir au statu quo dont il a verrouillé les possibilités de sa remise en cause en l'entourant d'un semblant de légitimité à travers des réformettes politiques et des élections à l'organisation et aux résultats tronqués. Ce qu'elle semble vouloir faire en sortant le débat et les préoccupations qui ont cours en son sein des salons et bureaux d'états-majors partisans où ils ont été confinés jusqu'à présent pour les soumettre à l'appréciation populaire la plus large qui soit et en mesurer ainsi le degré d'adhésion à leurs contenus.

La CNLTD, l'un des fers de lance du front uni de l'opposition, a opté pour cette démarche dont elle a entamé la mise en œuvre en rendant publique une « lettre au peuple algérien » dans laquelle elle clarifie le but de la dynamique politique dont découlent l'action et les initiatives de cette opposition dont elle est l'aile marchante. Consciente que ce n'est pas seulement ainsi qu'elle dissipera les préventions malgré tout persistantes auxquelles l'opposition est confrontée au sein de l'opinion algérienne, la CNLTD entend nouer le dialogue direct avec les citoyens.

Aura-t-elle la pugnacité nécessaire et indispensable pour nouer ce dialogue avec ces citoyens que l'opposition a fini par désespérer en étalant, il faut le reconnaître, un esprit et des visions politiques lamentablement creux ? Quelles que soient les entraves qui lui seront mises pour l'empêcher de réaliser cet objectif, elle doit avoir conscience que renoncer devant celles-ci ruinera inéluctablement la stratégie pertinente qu'elle s'est fixée en vue de bâtir un rapport de force avec le pouvoir par lequel elle entend devenir incontournable aux yeux de ce pouvoir.