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Constantine - Des habitants bloquent la route : Les logements de la colère

par A. Mallem

Hier matin vers 11h, les habitants de la haute Casbah de Constantine ont investi la place de la Brèche, en empêchant toute circulation automobile,

à hauteur de la grande Poste.

Les manifestants étaient en colère et protestaient contre le retard accusé par les autorités, dans les opérations de relogement les concernant. «Qu'on nous respecte, clamaient-ils. Que les autorités respectent leurs engagements contenus dans les contrats programmes qu'ils ont signés, le 12 décembre 2013 avec les comités de quartiers.» Faisant allusion, aussi, à une information, diffusée le 10 septembre dernier et faisant état de la réception de 4.500 logements LPL pour fin septembre, ils ont réclamé leur évacuation immédiate et leur relogement dans de nouveaux appartements. La seconde exigence des protestataires portait sur les réponses aux recours introduits après l'opération de recensement, faite par la Société d'architecture et de l'urbanisme (Sau).

Dans la foulée, des manifestants ont dénoncé ce qu'ils ont appelé «le relogement de gens venus d'autres wilayas» qui se font à leur détriment. Représentés dans plus d'une vingtaine d'associations de quartiers, couvrant la partie haute de la vieille ville, les manifestants ont campé sur leur position, en continuant à obstruer la voie, tandis qu'en face d'eux, une équipe des forces de sécurité était stationnée en alerte pour prévenir tout éventuel débordement, tout en évitant d'intervenir pour faire dégager la voie. Interrogés sur la durée de leur sit-in, des manifestants ont répondu qu'ils attendent l'arrivée des responsables concernés par le dossier du relogement.

«Apparemment, a dit l'un d'eux, ces gens-là ne nous respectent pas et ils demeurent insensibles à la situation désespérée dans laquelle vivent nos familles qui risquent le drame, à tout moment. Qu'ils viennent s'expliquer d'abord ».

Plusieurs contraintes sont venues, en effet, rendre la situation de ces habitants de la haute Casbah presque invivable et pour le moins stressante. Vivant avec le danger constant d'effondrement du vieux bâti qu'ils occupent depuis plusieurs décades et qui pèsent sur leurs têtes comme une épée de Damoclès, ils ont vu leur vie devenir, encore plus difficile, par les nuisances des chantiers du boulevard Zighoud Youcef et des rues Didouche Mourad et du 19 Juin, et d'autres restrictions engendrées par le programme « Constantine, capitale de la Culture arabe 2015 » qui a touché, de front, leurs quartiers où sont situés des sites historiques et religieux à restaurer. « Nous avons tous payé pour habiter à l'unité de voisinage (UV) n°20 de Ali Mendjeli qui nous a été réservée. Malheureusement, des logements n'avancent qu'au ralenti malgré nos incitations presque quotidiennes et les pressions exercées par le wali», nous explique le président d'un des comités de quartiers. Et de lancer un appel, au wali, pour le presser de régler, au moins, «les cas d'urgence» de ceux dont il a estimé que les habitations risquent de leur tomber sur la tête, au cours de l'automne, à la faveur de la tombée des premières pluies. «Ils sont arrivés à bout de patience et leurs demeures sont, tellement, friables qu'elles représentent des risques même pour les passants et notamment les enfants qui vont à l'école et sont obligés de passer dans leur proximité immédiate», a souligné notre interlocuteur.

Pour rappel, plusieurs comités de quartiers de la haute Casbah avaient, déjà, pris une pareille initiative, au cours des derniers jours de Ramadhan dernier, en coupant la circulation dans la partie haute de la rue Tatache Belkacem. Ils furent reçus par le chef de daïra et le directeur de la Sau et le dossier de ceux qui n'ont pas été recensés, a « été défrichi ». Mais la réponse aux recours introduits par les intéressés se fait, encore, attendre, au même titre que le relogement. Et les riverains sont revenus, hier, pour réclamer aux autorités concernées l'exécution de ces deux points. En début d'après-midi, la route de la Brèche était toujours coupée par les manifestants.