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Un marché imprévisible

par Abdelkrim Zerzouri

L'alerte à la fièvre aphteuse à travers le pays, du reste largement maîtrisée, et l'ouverture timide vendredi dernier des marchés à bestiaux dans certaines régions du pays, à moins d'un mois de l'Aïd El Adha, sont des indices qui font le jeu d'une lame à double tranchant en matière de prix du mouton. « La pression sur le mouton de l'Aïd a déjà commencé, et son prix fait l'objet déjà de moult spéculations. Certains prévoient qu'il atteindra cette année des cimes inimaginables, jusqu'à 7 millions en moyenne, alors que d'autres professionnels du secteur préviennent que le marché peut s'effondrer à tout moment s'il lui arrivait de subir les effets ravageurs de la fièvre aphteuse, et le repli prudent des maquignons», indiquent des maquignons à la recherche de filières d'approvisionnement. Précisant dans ce contexte que la propagation de cette maladie parmi le cheptel ovin serait catastrophique, vu le nombre relativement important des bêtes et un mouvement du cheptel très difficile à contrôler. En tout cas, même si l'on parle aujourd'hui de prix excessif du mouton, il est assez tôt pour se faire une idée précise sur la question. Rareté engendrant cherté, certains maquignons croient dur comme fer à cette thèse, que tout est manigancé par de gros trafiquants pour enflammer le marché du mouton. « Si la fermeture des marchés importants est encore maintenue pour les prochains jours, le mouton sera monopolisé entre les mains de quelques maquignons qui imposeront leur diktat en matière de prix. Et si des cas de fièvre aphteuse venaient à se confirmer au sein du cheptel ovin, c'est la ruine pour ceux qui auront misé sur des prix excessifs », soutient un maquignon qui expose deux faces de la médaille. De son côté, M. Slimane Draibine, le président du Conseil interprofessionnel des viandes rouges de la région est, qui compte parmi ses membres des représentants d'éleveurs ovins et bovins, d'importateurs et de représentants d'abattoirs, affiche plutôt une mine rassurante. « Le marché n'est pas encore ouvert, d'où l'impossibilité de cerner la courbe des prix. Et si l'on tiendrait compte des avis d'un pourcentage très minime d'acheteurs qui ont déjà commandé leurs moutons, les prix demeurent très abordables », indique dans ce sillage notre interlocuteur. Ce dernier, excluant toute éventualité d'une propagation de la fièvre au sein du cheptel ovin, parlera d'une « disponibilité abondante » du mouton, se basant sur des statistiques fournies par des éleveurs, chose qui ne manquerait pas de plaider en faveur d'un prix du mouton raisonnable. « J'estime que le prix du mouton gardera la même tendance que celle de l'année passée, sinon une légère baisse qui pourrait intervenir à la suite du repli des intermédiaires, qui hésitent pour le moment à investir dans le créneau », soutient notre interlocuteur. « Car, ajoutera-t-il, ce sont les intermédiaires qui font grimper les prix, et comme ils ne se hâtent pas encore à faire la razzia chez les éleveurs, par crainte de s'aventurer dans un marché qui s'annonce imprévisible en matière de rendement, le contact direct entre éleveur et acheteur est fait pour arranger les affaires entre eux, l'un n'exigeant pas plus qu'il n'en faut et l'autre payant le juste prix». Dans les prochains jours, une semaine au maximum, on devrait assister à l'ouverture des marchés de proximité, là seulement on aura une idée précise sur le prix du mouton qui reste tout de même, comme tout marché, soumis aux exigences chères aux économistes, l'offre et la demande en l'occurrence.