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Gourcuff, un réalisme tactique

par Adjal Lahouari

L'équipe nationale a dû se contenter de l'essentiel, c'est-à-dire la victoire sur son principal rival. Tous les observateurs étaient d'accord pour dire que ce second match s'annonçait difficile pour les Fennecs, même dans leur stade fétiche Mustapha Tchaker. C'est que le Mali est d'une autre pointure que l'Ethiopie. Tout le monde, et les joueurs en premier lieu, était conscient de la difficulté de la tâche face à cet adversaire. Au centre de Sidi Moussa, Christian Gourcuff a réfléchi à son plan de bataille. Pour tout entraîneur, il est malaisé de remanier une équipe qui a gagné, et à l'extérieur de surcroît. Aussi, le sélectionneur n'a effectué qu'un seul changement même si enlever du onze de départ Soudani, l'un des buteurs de l'EN, n'était guère évident. Gourcuff a estimé que Soudani a fourni beaucoup d'efforts ces derniers temps et l'a donc remplacé par Mahrez, au vu de sa prestation à Addis-Abeba. Mahrez devait apporter sa vivacité, ce qui était un atout appréciable face à la lourdeur de l'axe central du Mali. L'autre remaniement, c'est le dispositif tactique de Gourcuff qui, en fonction des joueurs alignés, était un très clair 4-2-3-1, à moins qu'il s'agissait du 4-4-2 « souple » annoncé comme système de base. Slimani était donc esseulé.

Et comme le Mali a évolué en bloc en refusant de se livrer, spéculant sur des contres il est vrai dangereux, la tâche des Fennecs fut compliquée et, faute d'une réelle supériorité, ils mirent à rude épreuve leurs fans. Faute aussi d'avoir gâché de très nettes occasions. Brahimi, dont le potentiel, balle au pied, est énorme, a subi un traitement spécial de la part des Maliens. Son jeu est certes gênant pour l'adversaire mais il a tendance à trop abuser des dribbles à des moments où la passe s'imposait. Il faudrait croire que Gourcuff a donné des consignes précises, surtout après que son duo Lacen-Taider a été suppléé par un autre tandem Bentaleb-Guedioura qui ont un autre style. Et pourtant, les Verts auraient pu exploiter l'absence pour suspension du gardien titulaire Samassa. Il est rare en effet qu'un suppléant à ce poste spécifique soit du même niveau, ce qui explique cette option.

Le coup de pouce du destin, c'est lorsque le Mali a dû jouer à 10. Il faudrait mettre l'accent sur l'initiative de Medjani qui a libéré tout le monde sur le coup franc de Mahrez. N'oublions pas les défenseurs dont la tâche s'annonçait pourtant très rude face à des adversaires athlétiques, bien regroupés dans leur périmètre et profitant de l'arbitrage laxiste du Camerounais surtout en première mi-temps. Certes, il n'est pas question de faire la fine bouche puisque les Verts ont gagné et s'installent en tête du groupe, mais ce match prouve que l'EN doit encore travailler et assimiler la méthode de son nouvel entraîneur.