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L'opposition rassemblée maintient le cap

par Kharroubi Habib

En ce qui concerne l'opposition qui a bataillé contre un quatrième mandat pour Bouteflika, l'on ne peut parler de rentrée officielle. Passé l'échéance de l'élection présidentielle, elle n'a en effet nullement cessé d'occuper le terrain politico-médiatique pas même pour s'accorder un bref répit estival. Son activisme lui a permis d'empêcher que ne s'éteigne l'écho favorable qu'ont eu : sa campagne anti-quatrième mandat, la dynamique unioniste qui lui a permis de bâtir un front d'opposition au pouvoir dont l'ampleur a surpris les observateurs et le sérieux de la feuille de la route dont elle s'est dotée en matière de revendications à poser et de stratégie pour faire pression sur le pouvoir pour qu'il en tienne compte.

La réunion au sommet qui a regroupé hier ses principaux ténors n'est donc pas une improvisation sacrifiant à la fiction de la rentrée politique, mais l'aboutissement des intenses concertations et tractations auxquelles ont participé ses segments pour s'entendre sur les voies et moyens pour mettre en œuvre la feuille de route qu'ils ont collectivement approuvée lors de la conférence nationale de l'opposition de juin dernier. La rencontre d'hier a été vouée à conclure l'entente de ces ténors de l'opposition sur le projet d'installation d'une instance de coordination appelée à s'exprimer en tant que porte-parole unique du front qu'ils ont constitué. Ce but qu'ils se sont fixé est ambitieux et pour tout dire absolument inédit dans les annales politiques de l'Algérie post-indépendance.

Une telle instance si elle voit effectivement le jour et que sa composition intègre tous les chefs de partis et personnalités politiques donnés pour ayant accepté d'en être, sera incontestablement représentative d'une opposition dont le pouvoir ne pourra prétendre qu'elle ne pèse pas sur l'échiquier politique. Il y aurait en effet dans cette instance des leaders partisans et des personnalités nationales dont la convergence et le travail en commun sont susceptibles de pallier le déficit de crédit qui a plombé jusque-là l'opposition, qu'elle doit d'avoir agi en ordre dispersé contre le pouvoir et été dans la confusion en terme d'alternative à proposer contre lui. Il n'en reste pas moins que l'aréopage constitutif de l'instance de coordination projetée peut s'avérer un handicap tant il recèle d'ombrageux et ambitieux caractères qui risqueraient de se laisser aller à de paralysantes et délitantes luttes de leadership qui mineraient inéluctablement l'historique mais encore fragile front unioniste érigé par l'opposition.

L'autre défi qui attend cette instance est qu'elle doit parvenir à sortir l'action anti-pouvoir de l'opposition des réunions et rencontres d'appareils partisans et individualités marquantes pour y associer les citoyens et la société civile en allant à leur rencontre pour leur soumettre les préconisations de sa feuille de route politique et susciter leur adhésion active. Il est incontestable que l'opposition a fait un bond qualitatif qu'elle doit bonifier en démontrant qu'elle a cette fois bâti un front qui s'installe dans la durée parce que ce qui la réunit est plus fondamental au regard de l'intérêt national que ce qui la divise en ce contexte de crise multidimensionnelle dans laquelle l'Algérie se débat.