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SAÏDA: Près de 72 milliards de créances impayées à l'ADE

par Tahar Diab

Près de 72 milliards de créances impayées aux dépens de l'ADE de la zone de Saïda.

Créée en 2001, l'Algérienne des Eaux fut opérationnelle à Saïda à partir de juillet 2006 en remplacement de l'ex EPDEMIAS. Installée en zone industrielle nord, la Direction de wilaya occupe 12 000 m2 dont 850 m2 de bâti, à l'emplacement de la SOGERWIS, ex- entreprise locale spécialisée en assainissement et surtout en A.E.P et qui a été bizarrement dissoute en dépit de ses larges bénéfices qui permettaient même de renflouer le budget de wilaya.

Avec ses 45146 abonnés, l'ADE ne couvre cependant à l'heure actuelle que 6 communes sur les 16 que compte la wilaya. A partir de ce deuxième semestre 2014, il est programmé l'intégration de 2800 nouveaux abonnés d'Ouled Brahim, 2400 à Moulay Larbi et 1400 abonnés dans la commune de Sidi Ahmed.

Les six communes restantes ne seront touchées que vers 2015 et 2016 et chacune des six daïras est déjà pourvue d'une agence d'encaissement et de distribution.

Par ailleurs, la direction dispose d'agences commerciales, à Aïn El-Hadjar, au centre d'affaires communal de Saïda (loué mensuellement 45 000 00 DA) et enfin une troisième réceptionnée récemment dans un joli cadre environnemental au parc d'attractions et de loisirs du 5-Juillet. Etant encore fier de ce joyau, Mr Zabat Abdeslem aspire marquer son passage par la réalisation d'une agence commerciale de haut standing sur un terrain de plus de 1200 m2 déjà acquis, jouxtant l'ancienne mouhafada. Le projet de cette infrastructure en ce lieu tant convoité pour son emplacement ne ferait que rehausser symboliquement l'emblème de cette grande entreprise nationale, mais sa finalisation tant souhaitée demeure tributaire d'une éventuelle prise en charge par la tutelle centrale eu égard à l'héritage de la situation financière de l'entreprise au niveau de la wilaya.

Employant globalement 349 personnes, 196 s'occupant de l'exécution tandis que la maîtrise en compte 78 et presque autant pour les cadres au nombre de 75, déjà. Au vu de la pléthore de personnels, la prise en charge graduelle de la totalité des communes doit se confiner au redéploiement de l'existant, en hommes et parfois en matériels dans l'objectif réel d'un profond redressement de cette unité commerciale qui ne doit sa survie qu'aux engagements honorés par les bons payeurs qui permettent ainsi de sauvegarder cette nouvelle entreprise stratégique. Avec une masse salariale annuelle de 32 milliards et 800 millions de centimes en contrepartie d'un chiffre d'affaires (2013) de 35 milliards de centimes seulement, la maigre différence n'arrive même pas à éponger les 4 milliards de dépenses obligatoires en charges annexes (E/E-carburants ?).

Ainsi, la constatation de cette fragile situation financière est engendrée par un lourd héritage de créances impayées de l'ordre de 28 milliards de centimes dont 16 milliards à l'indicatif de diverses administrations dont surtout les collectivités locales, 4 milliards auprès de commerces et d'industries et enfin 8.5 milliards de créances impayées imputées aux foyers domestiques dont 50 % demeurent antérieures à l'exercice 2006, car cette période a connu des turbulences causées par des agents indélicats chargés du recouvrement et dont les malversations ont été sévèrement sanctionnées à l'époque mais qui ont laissé des séquelles de gestion que tente d'assainir la nouvelle direction. La moitié des 3 000 abonnés redevables remonte à la période précitée.

A leur égard, le directeur rassure les retardataires de la disponibilité de son administration à accorder toutes les facilités de paiements par le biais d'un échéancier qui prendra en compte les conditions financières des chefs de foyers.

Même préoccupation également auprès de Mr Bensmaine Abderrahmane, directeur régional qui affirme que « son secteur demeure plus sociable comparativement à d'autres qui n'hésitent pas à opter directement pour la résiliation de l'abonnement par la coupure du branchement individuel. Face à cette largesse, notre client doit faire preuve de plus de civisme et s'acquitter de ses dettes selon des moyens différés. Après un bref détour à sa Direction de zone (régionale), Mr Bensmaine Abderrahmane nous apprendra que ses deux autres unités souffrent également du même handicap financier.

Ainsi, l'unité d'El-Bayadh accumule 229 202 967,14 DA de créances impayées dont 54 169 991,23 DA imputées à diverses administrations dont principalement les collectivités locales. Quant à Naâma, elle totalise 205 541 546,30 DA dont 62 194 114,16 DA relèvent du secteur étatique. A ce sujet, il fonde l'espoir que les Directions des affaires locales peuvent venir secourir ses unités soit au niveau de wilaya soit auprès du ministère de l'Intérieur dans l'objectif prioritaire de juguler cette hémorragie financière qui freine l'essor d'une nouvelle entreprise qui ambitionne de se construire durablement.

Aussi, le recouvrement espéré de plus de 71 milliards pour les 3 wilayas constituera une véritable bouffée d'oxygène pour l'ADE dont l'objectif est d'améliorer la qualité de service et de pouvoir également réinvestir dans l'acquisition de moyens matériels appropriés est d'assurer la ponctualité des réfections et de rénovation des réseaux.

A notre incompréhension de constater l'intrusion de sociétés étrangères auxquelles a été confiée la gestion des eaux dans certaines de nos grandes villes, le directeur régional esquissera une réponse « en nous affirmant que ce palliatif était dicté par l'urgence du problème mais que nos cadres mettront sûrement à profit cette coopération ou ce partenariat pour parfaire leur savoir-faire et s'initier aux nouvelles techniques dans leur domaine »

Pour notre part, et à la forte résonnance de cette appellation révolutionnaire « d'Algérienne des Eaux » qui susurre un certains nationalisme enfoui, notre espoir est de rêver d'une ADE redorant le monopole de ce secteur dans l'objectif stratégique de recouvrer son algériannité eu égard aux compétences avérées qui le composent. Par ailleurs, les diverses administrations et surtout les collectivités locales doivent veiller à sauvegarder de telles entreprises qui visent à se prendre en charge et décharger ainsi leurs tutelles dès lors qu'elles peuvent avoir leurs propres moyens financiers pour se remettre sur les rails du développement durable.