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Ghardaïa: l'urgence de mettre un terme à un chaos qui s'amplifie

par Kharroubi Habib

A l'issue de sa dernière visite à Ghardaïa, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait annoncé que les contacts qu'il a eus avec les notables de la ville et la société civile et les mesures décidées par le gouvernement allaient ramener le calme et mettre fin à la situation conflictuelle entre les communautés de cette ville qui a donné lieu à des affrontements violents et parfois meurtriers. Un calme apparent s'en est effectivement suivi qui n'a été que passager puisque Ghardaïa est de nouveau le théâtre de scènes de violence et de heurts intercommunautaires qui contredisent l'affirmation du Premier ministre.

Que l'Etat qui a pourtant mis le « paquet » au plan sécuritaire pour prévenir la relance des affrontements ne parvient pas à maintenir la paix, cela est grave, car l'indice qu'ils sont fomentés par des parties occultes. De cela, tout le monde en est convaincu désormais mais il y a divergence sur l'identité des pyromanes qui s'activent à plonger la région dans le chaos. Les autorités dénoncent les agissements de groupes incontrôlés, ce qui pose la question de savoir comment l'on ne parvient pas à les identifier et à les neutraliser alors qu'il a été mis en place un maillage sécuritaire imposant.

De présumés agitateurs ont été certes interpellés sans que l'on sache si leur interpellation a donné à l'Etat une visibilité sur qui est derrière l'opération de déstabilisation dont la région est la cible. La thèse officielle est évidemment soutenue par les partis et acteurs politiques se situant dans la périphérie du pouvoir.

Ce qui n'est pas la vision qu'ont ceux qui rejettent sur celui-ci la responsabilité du chaos que vit Ghardaïa et sa région. Pour eux, l'Etat laisserait faire tout en étant parfaitement informé de l'identité des fomenteurs des troubles. Mais tout comme les représentants de l'Etat, ces partis qui sont allés à Ghardaïa s'enquérir de la « vérité » sur les origines et causes de la situation se contentent d'émettre des supputations sur ses responsables.

Les uns pointent les salafistes comme étant les manipulateurs des groupes émeutiers, d'autres les caïds du narcotrafic qui auraient ouvert ce front en réaction à la fermeture des frontières qui est un rude coup pour leur trafic. Il y a de tout cela certainement à la base de ce qui se passe à Ghardaïa. Il reste cependant que l'inquiétant est que l'Etat ne parvient pas à faire cesser des agissements qui sont en train de mettre en danger les fondements mêmes de l'Etat algérien et de l'unité nationale. Cela faute d'avoir engagé un véritable dialogue avec et entre les communautés constitutives de la population de la région et surtout en gardant le silence sur l'identité des tireurs de ficelles dont il ne peut persister à prétendre en ignorer les identités.

L'heure est pour les autorités de reconnaître que leur gestion de la situation à Ghardaïa n'a pas été fructueuse car n'ayant pas abouti à neutraliser ces tireurs de ficelles. Une impuissance qui leur fait redoubler de détermination dans le but d'activer le volcan qu'est devenue la région de Ghardaïa et d'en faire le détonateur d'une explosion aux effets contagieux pour le pays en entier. Ce qui est le scénario qu'ils veulent voir se produire quel que soit le milieu qui est le leur. Il ne suffit plus d'effets d'annonce pour ramener le calme à Ghardaïa. Le temps est venu de lancer une véritable opération de sauvetage de la région impliquant non seulement l'intervention ferme et résolue de l'Etat mais aussi une démarche concertée avec toutes les forces politiques et sociales résolues malgré les différends qui les opposent à lui à contribuer à la sauvegarde des fondements de la République et de l'unité nationale.