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Sellal à Tizi Ouzou : Un meeting sous haute surveillance

par R. N.

La maison de la culture de la ville de Tizi Ouzou a vibré hier sous les sons folkloriques traditionnels et scandaient sans complexe «Assa, azeka, Bouteflika yella, yella».

Il est vrai que la capitale de la Grande Kabylie a été mise sous haute surveillance. Les agents de sécurité qui ont été déployés sur le terrain ont pris le soin de fermer les issues des alentours du lieu du meeting d'où le risque de perturbation du meeting de Sellal pouvait pénétrer. L'on dit qu'une quinzaine de jeunes manifestants, hostiles au 4e mandat, ont été bloqués aux alentours du stade de Tizi Ouzou. Un autre a été «coincé» dans les parages de la maison de la culture «Mouloud Mammeri» parce qu'il aurait eu des tracts entre les mains. Ceci étant dit, le staff de campagne de Bouteflika avec à sa tête Abdelmalek Sellal a pris le soin de prendre la route d'Alger à Tizi Ouzou, très tôt le matin, avant même que les journalistes ne démarrent. Sellal était déjà à la maison de la culture vers les coups de 8h.

Les journalistes sont arrivés bien après. Ils ont été applaudis par un groupe d'organisateurs juste à l'entrée de la maison de la culture. «Hadhou houma eli souffraou el bareh (ce sont eux qui ont souffert hier ndlr)», lâche l'un d'entre eux, allusion faite à ce qui s'était passé à Béjaïa la veille. De nombreux portraits de Bouteflika étaient placardés à l'entrée de la ville, sur les façades des institutions. Le fronton de la maison de la culture avait un écran géant où était diffusé le discours de Sellal sur fond de photo du candidat. «Ya Djaïr sbah el khir, rana hna» de Rabah Asma assurait une atmosphère de joie au lieu. De vieilles femmes étaient drapées de l'emblème national et portaient les portraits du candidat. Jeunes et vieux portaient des casquettes avec son nom inscrit. «Nous sommes la Grande Kabylie et pas la petite», lançaient fièrement des jeunes à un groupe de journalistes.

Une entrée triomphante de Sellal

Attendu qu'il rejoigne la scène par derrière le rideau, Sellal a choisi de la contourner et d'entrer par sa porte principale après que les soutiens de Bouteflika y aient pris place. L'on dit que ce sont en gros les moudjahidine, les militants du FLN, les jeunes d'organisations et les travailleurs, membres de l'UGTA. Sellal fera une entrée triomphante, entouré de groupes folkloriques, sous les sons de la ghaïta et du tbal, des youyous et des acclamations des présents. Il monte sur la scène et fera monter avec lui deux moudjahidine de la région dont l'un est le frère de Abane Ramdane. Ils brandiront tous les trois l'emblème national et seront fortement applaudis. Sellal recevra un manuel d'histoire de la région des mains des moudjahidine et sera drapé par les organisateurs d'un beau burnous blanc. Juste avant qu'il n'arrive, une large banderole ornée de deux portraits du candidat a été déployée sur un des pans de la salle, on y lisait «Les citoyens de Béjaïa, Oui pour Bouteflika».

Le directeur de la maison de culture, El Hadi Ould Ali, demandera une minute de silence à la mémoire des martyrs. Il glorifiera «le bilan et les perspectives de notre candidat». Il dira à Sellal que «Tizi Ouzou vit un moment de communion et de fraternité, elle admire votre engagement pour une Algérie moderne, en tant que 1er ministre, vous vous êtes rapproché de la population en sillonnant le pays, vous avez pris des engagements à Tizi Ouzou et vous les avez honorés». Il estime par ailleurs que «la démocratie ne peut s'accommoder de telles pratiques immorales comme les sabotages, les blocages et les manipulations». Il promet «nous nous battrons chaque jour pour honorer les engagements de Bouteflika».

Akli Yahyatenaux côtés de Sellal

Sellal prend la parole et salue l'assistance. «Azul felaoune, azul amokrane.» La salle lui répond «Assa, azeka, Bouteflika yella, yella (Aujourd'hui, demain, Bouteflika toujours, toujours).» Il lancera «je suis rassuré quand je viens à Tizi Ouzou, c'est un accueil d'hommes, quand je dis hommes, j'inclus les femmes aussi, les hommes ont les moustaches et les femmes ont les beaux cheveux». Il dira de Tizi Ouzou que «c'est une longue liste de martyrs». Il évoquera Amirouche et autres (?) Krim Belkacem. Youyous et applaudissements. «Vous êtes l'Histoire de l'Algérie», dira-t-il. «Vous êtes des hommes, vous savez vous y prendre, personne ne vous a fait baisser la tête», leur a-t-il déclaré. «Au nom de tous les Algériens, je salue Hocine Aït Ahmed, je lui souhaite un prompt rétablissement, arghez amokrane.» Il rendra hommage «à toutes les victimes de toutes les périodes (?), Mammeri, de Maâtoub à Djaout, (?)» Il recommandera à ce que «la culture amazighe doit se développer en Algérie et dans le monde entier». Il parlera de la communauté algérienne à l'étranger. Il dira que «le programme de Bouteflika renforce la protection des droits de notre communauté et l'intègre dans l'économie nationale parce qu'elle doit participer dans le développement du pays, c'est la richesse de l'Algérie parce qu'elle nous aide à apporter la diversité au pays, comme vous, vous le faites pour la diversité culturelle». Il affirme qu' «il soit binational, multinational, c'est un Algérien !» Il regardera la banderole «boujiote» et lancera «je salue avec force les citoyens de Béjaïa, ce sont des hommes, une culture, une civilisation».

Il rappellera la décision d'instaurer un fonds pour aider les femmes divorcées. «Certains disent que nous soutenons ainsi le divorce, ce sont des diables, le rôle de l'Etat est de protéger les droits de la femme et de l'enfant par la force de la loi», explique-t-il. Il promet que «l'Etat doit être au service des pauvres et des démunis, il continuera à financer le logement jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de demande, ne reste à en combler que 76.000, tant qu'il y aura de l'argent, il profitera aux démunis».

Le grand artiste Akli Yahyaten montera sur la scène et gratifiera Sellal d'une chaleureuse accolade. «Oufrigh Ezine di Micheli (j'ai vu la beauté à Michelet ndlr)», criera le directeur de campagne de Bouteflika.