Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Débrayage des corps communs de la santé

par A. Zerzouri

La grogne des travailleurs du secteur de la Santé publique se propage d'une façon inquiétante à travers tous les services.

La grève cyclique entamée en ce début de semaine par les corps communs de la santé, qui s'étale sur quatre jours, vient se greffer à d'autres corps déjà en situation de débrayage et qui ne semblent guère revenir à de meilleurs sentiments si l'on se fie au dialogue de sourds qui caractérise les rapports entre les parties en conflit, tutelle et partenaires sociaux.

Le mécontentement des personnels des corps communs est présentement provoqué par une question résolument spécifique au secteur, la prime de contagion en l'occurrence. D'habitude, cette catégorie de travailleurs met sur le tapis des préoccupations qui concernent tous les secteurs de la Fonction publique, portant généralement sur la révision des statuts des corps communs, mais aujourd'hui, la levée de boucliers se manifeste contre le tableau affiché ces derniers jours et détaillant l'octroi de la prime de contagion. Cette prime de la discorde a ainsi paralysé, hier, à travers tous les établissements de Santé publique du pays plusieurs services vitaux, dont l'administration des hôpitaux, le nettoyage et l'assainissement, les analyses en tous genres et la restauration (maintenue uniquement pour les malades hospitalisés). Encore un débrayage qui assombrit l'horizon dans les hôpitaux, car rien que le blocage du service de l'hygiène et l'assainissement peut, à lui seul, entraîner de graves répercussions sur l'environnement et la santé des malades. «Nous avons été choqués par les sommes dérisoires de la prime de contagion qui ont été accordées aux personnels des corps», nous dira le responsable de la Coordination nationale des corps communs (affiliée à l'UGTA), M. Mounir Betraoui. Ce dernier estime encore qu'il s'agit d'une «humiliation» qui prend la forme «d'une provocation pure et simple», des travailleurs. Notre interlocuteur rappellera qu'une réunion tenue le 9 mai dernier avec les représentants du ministère de la Santé a abordé ce point précis de la généralisation de la prime de contagion, et que la Coordination nationale des corps communs espérait avoir des échos favorables sur ce plan, «mais les résultats ont été décevants», déplore-t-il. «C'est une aberration, s'exclame M. Mounir Betraoui, comment marginaliser la femme de ménage, l'ouvrier chargé de l'hygiène ou celui qui manipule les échantillons d'analyses bactériologiques en les transportant d'un service à un autre, alors qu'ils sont exposés autant que les autres professionnels du secteur aux dangers de la contagion.» Pour précision, et à titre comparatif, la prime de contagion accordée à la femme de ménage représente le tiers de ce que touche un médecin. La Coordination nationale des corps communs, comme l'a indiqué M. Betraoui, «rejette dans la globalité et dans le détail» cette nouvelle indexation de la prime de contagion et revendique pour cela deux paliers, 8 000 et 10 000 dinars.