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Des entrepreneurs heureux de 1300 km de préférence nationale? mais pas en «moins-disant»

par Ahmed Yachi

Des entreprises algériennes des travaux publics presque heureuses? On en a trouvé au cours du récent 10ème Salon international des travaux publics. Et pour cause, une «préférence nationale» va jouer pour le projet d'autoroute des hauts-plateaux.

Une option saluée par les opérateurs algériens qui trouvent cependant beaucoup à redire sur la règle du «moins-disant» appliquée dans l'attribution des marchés.

Une fois n'est pas coutume, le forcing et l'activisme remarquable des chinois au 10ème Salon International des Travaux Publics n'a pas affecté le moral des entreprises algériennes.  Les 46 entreprises chinoises présentes, plus nombreuses que les françaises ou italiennes, ne peuvent miser sur le projet phare de 2013 : l'autoroute des Hauts Plateaux, longuede 1 300 Km. Elle sera réalisée par des entreprises nationales. C'était  la bonne nouvelle que le ministre des Travaux Publics, M. Amar Ghoul est venu transmettre aux participants algériens du Salon. Elle a été accueillie avec une satisfaction réelle par les constructeurs nationaux. «C'est une bonne chose. Cela signifie que l'Etat fait désormais confiance à l'entreprise nationale et qu'il a conclu que les entreprises algériennes sont capables de réaliser ce genre de travaux» constate Ouassini Ferhaoui, chargé de l'information chez le constructeur SNC Mezoughi. «Nos entreprises ont considérablement évolué. Elles sont composées de jeunes diplômés formés pour de tels ouvrages. Elles ont acquis le matériel performant qu'exigent les grandes œuvres du secteur», ajoute-t-il. Installée dans l'ouest du pays, l'entreprise SNC Mezoughia marqué des points en réalisant le tronçon Tiaret-Rehiouia-Mascara en suspens depuis plus d'une vingtaine d'année. Pour Boudaoud Ahmed, chargé du partenariat au sein de l'EPTP Bechar, cette option pour les entreprises algériennes est «un défi» à relever. Les entreprises algériennes, publiques et privées «doivent être à la hauteur de la confiance et montrer qu'elles sont capables». Pour  Ait Yahia Amine, du groupe Cosider, cette préférence «va permettre un certain développement des entreprise nationales surtout qu'elles ont acquis un savoir-faire considérable dans le domaine». Les entreprises algériennes, ajoute-t-il, «ont beaucoup appris des étrangers, maintenant elles peuvent réaliser seules». Un constat que ne contredit par le ministre des travaux publics qui a affirmé que «l'Algérie a bénéficié d'un transfert de savoir-faire et de maîtrise des nouvelles technologies».

LA REGLE DU «MOINS-DISANT» FAUSSE LE JEU

Cette satisfaction générale est cependant atténuée par une forte prévention à l'égard de la règle du «moins disant» appliquée en matière de marchés publics dans le cadre de l'appel d'offres national. Pour une partie des entrepreneurs, c'est une règle «caduque». Un avis que ne partage pas le chargé de la communication du groupe public Cosider qui trouve «tout à fait logique que le dernier mot revient au moins disant parmi les soumissionnaires». A l'opposé, Rachid Hargas, Directeur Général de la société privée  SAGC (Société algérienne des grandes constructions) estime préférable «d'accorder les marchés aux mieux-disant afin de favoriser la qualité». La règle du moins-disant est également décrie par le groupe Mezoughi. «Il faut se demander comment peut-on atteindre la qualité en attribuant des marchés publics au moins disant», nous dit un responsable du groupe. Des arguments contre le «moins-disant», ils en trouvent dans les nombreuses réalisations qui se sont avérées défectueuses quelques mois après leur livraison.  Cela remet en cause, à posteriori, la classification des entreprises des travaux publics et leur éligibilité pour les projets d'envergure. «Des entreprises obtiennent des classements qui sont bien au-dessus de leurs capacités», note le directeur d'une entreprise inquiet de la montée des «casseurs de prix».  L'entrepreneur Arezki Addara lancé, récemment, chiffres à l'appui,  un appel pressant aux autorités pour éloigner des casseurs de prix du secteur des projets structurants du secteur.