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Pêche : La sardine «flambe» et le thon s'échappe

par Kader Hannachi

Y a-t-il assez de poisson à chaluter et à pêcher en Algérie ? La réponse du ministre des Ressources halieutiques, Abdallah Khanafou, hier, sur les ondes de la chaîne III, à l'occasion de la Journée nationale du pêcheur, est mitigée pour ne pas dire négative.

L'Algérie, a-t-il expliqué, n'a pas les mêmes atouts que la Tunisie et le Maroc. Son plateau continental étant étroit et très accidenté, offrant peu de surface chalutable, «elle ne peut augmenter sa production halieutique» et n'a pas d'autres choix que de chercher d'autres alternatives.

La plus indiquée, selon M. Khanafou, est l'aquaculture «qui est le cheval de bataille» de son ministère et une activité à encourager au vu des résultats obtenus au cours des 20 projets lancés par son prédécesseur grâce au Fonds national de développement de la pêche et de l'aquaculture (FNDPA).

Certains d'entre eux, a précisé le ministre, sont «une réussite» à l'exemple des projets d'Azzefoun et d'Aquasol d'Aïn Témouchent pour la production de la daurade et du loup de mer avec une capacité qui devrait atteindre les 1000 tonnes/an. Ils serviront de modèle aux 1456 nouveaux projets identifiés et en cours de lancement avec l'option de privilégier la méthode des «cages flottantes en mer» plutôt que celle de l'élevage en bassin, jugé trop coûteux.

L'engagement du ministre pour l'aquaculture, a-t-on compris, procéderait de l'anticipation que les résultats attendus de la nouvelle campagne d'évaluation des ressources démersales lancée en mai dernier ne changeront rien par rapport aux données déjà obtenues en 2003 et 2004. Selon elles, le stock pêchable est estimé à 220.000 tonnes, mais l'Algérie, pour des raisons liés à l'existence de fonds chalutables, ne peut en pêcher qu'environ 180.000 tonnes/an, ce qui donne un ratio ne dépassant pas 5 kilogrammes par habitant/an.

L'élevage de poisson, a rajouté le ministre, peut être aussi d'un effet régulateur et apaisant sur les prix à la consommation, notamment ceux relatifs à la sardine dont le marché a connu cette année des pics jamais enregistrés. L'explication de M. Khanafou à ce phénomène «n'est pas dans la spéculation mais dans la faiblesse de l'offre», la même depuis dix ans, par rapport à une demande qui a explosé. «J'écarte l'idée de spéculation sur la sardine parce que ce produit ne peut pas être stocké. Donc, le prix de la sardine n'est pas lié à la spéculation», a-t-il indiqué.

CE THON QU'ON NE PECHE PAS

Autre marqueur des faiblesses d'un secteur décidément en grande difficulté, M. Khanafou a informé que l'Algérie est toujours dans l'incapacité à pêcher la totalité de son quota de thon rouge que lui fixe chaque année la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Iccat). Sur les 138 tonnes prévues, seuls 69 tonnes ont été pêchées et exportées» par un seul armateur alors que le deuxième qui devait l'accompagner n'a pas pu le faire pour des raisons techniques et pour avoir raté le délai de pêche fixé par l'Iccat du 15 mai au 15 juin de chaque année. Pour autant, le ministre des Ressources halieutiques ne crie pas à la catastrophe. «C'est la première fois que nous avons pu mettre en place une pêcherie du thon rouge», a-t-il déclaré en précisant que l'Algérie va négocier son quota pour 2013 «en position de force» en raison des moyens dont elle dispose actuellement. «Nous aurons quelque six ou huit armateurs qui participeront à la prochaine campagne», a-t-il dit, en soulignant que l'une des actions de son département consiste depuis quelques mois à l'encouragement des armateurs pour la mise à niveau de leurs embarcations. Quatre armateurs, sur un total de onze, demeurent toujours poursuivis devant les tribunaux, a-t-il précisé.