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C'est dans le sang ?

par Ali Brahimi

Les partis politiques, s'autoproclamant dépositaires de la conscience collective des peuples, sont dans la plupart des cas sous influence des groupes d'intérêts, internes et externes, qui possèdent de l'ascendant sur leurs responsables principaux dont certains paraissent avoir cette sujétion dans le sang L'Histoire des partis aux pensées uniques, chez les pays du Maghreb, remonte à la période de l'Etoile nord-africaine (ENA), calqués sur ceux de l'Europe notamment le Front populaire français sous influence du mouvement ouvrier international ainsi que de l'idéologie socialisme en ascension, a l'époque, chez les pays à gouvernance populiste

Le parti populaire Algérien (PPA) fondé, durant les années 30 du siècle dernier, par le défunt Messali el Hadj, sous l'influence du défunt Chakib Arslan un Druze Turc considéré comme le père du nationalisme arabo-islamique, a, pour la première fois, organisé les travailleurs émigrés, en France, et une partie des gens de la petite bourgeoisie citadine et rurale en Algérie. La masse des ruraux était tellement paupérisée, avachie, qu'elle se cloîtrait dans les croyances extraordinaires du genre zaouïa : Allah ghaleb (on n'y peut rien), Mektoub (c'est le destin), cheikh houa liyestklaf (c'est le cheikh qui va s'en occuper) etc.

Malgré son rôle déterminant, dans la prise de conscience des gens, il n'avait pas fait exception a la règle, en vogue dans le monde durant la première moitie du 20 é siècle, du culte de la personnalité et, donc, ne pouvait nullement voir, avec les yeux de son époque, le comportement et les aspirations des nouvelles générations de demain.

Cependant, cette conduite demeure ancrée et entretenue jusqu'a ce jour chez certains pays, dont notamment ceux du monde arabe, n'arrivant pas à se débarrasser de ce manque de discernement voire de dépendance qui, parfois, donne l'impression qu'elle est dans le sang des prédisposés à la sujétion (colonisabilité) ainsi définie par le défunt mathématicien et penseur Algérien Malek Bennabi

L'appel du 1erNovembre 1954, adressé au peuple et à l'ensemble des militants de la cause nationale, a ouvert les yeux et tracé le nouveau chemin a suivre au militantisme révolutionnaire collectif imaginatif et, surtout, révoltés contre toutes les injustices et fatalismes genre Allah Ghaleb (Dieu l'a voulu), Mektoub (c'est le destin) etc.

Ainsi, l'appel était non seulement solennel mais attirant et réveillant par le verbe incisif, ciselé, et au temps opportun et, surtout, il polarise l'attention des gens amoindris, paupérisés, mystifiés?, d'être enfin capables de s'inscrire dans le mouvement de l'Histoire. Surpris et ébranlés, par l'ampleur de l'insurrection, le gouvernement Français et le système colonial dans son ensemble, en Algérie, ont immédiatement réagi : l'Algérie, c'est la France.

Au mois de juin 1955 (six mois après le 1er Novembre), les grandes manœuvres ont commencé, a Paris et Alger, afin d'étouffer sinon noyauter et contrôler coûte que coûte la cours des événements. En vain. A partir de 1956, des faits internes et externes vont propulser, malgré la puissance des milices colonialistes néanmoins prises au dépourvu, davantage la révolution libératrice vers l'avant

Malheureusement, des scissions ont été fomentées, par les services de l'armée française, et renforcées par les agissements claniques au sein des rangs, entre le FLN et l'ALN et plus tard les combattants de l'intérieur et ceux de l'extérieur opposés aux dirigeants politiques de l'extérieur eux- mêmes en désaccords claniques interminables, etc.

Cela a été cumulé et éclaté tout en bloc pendant le congrès de Tripoli (Libye) au mois de juin 1962. Depuis, le peuple Algérien n'a cessé de souffrir le calvaire des malentendus, entre les clans, et il s'accroche à la moindre lumière d'espoir allant dans le sens de l'unité des rangs. Les victoires ou les défaites footballistiques le dénote Le 5 juillet prochain, l'Algérie fêtera le cinquantenaire de son indépendance ainsi que celui de la jeunesse. Un demi-siècle déjà Le temps passe tellement vite. La conscience collective apprécie la pesanteur mémorielle et les longs chemins, sans détours ni raccourcis, de l'Histoire Celle-ci affectionne également ceux qui évoluent vite

La mémoire du peuple Algérien ne pourrait, en aucun cas, appartenir au seul sigle d'un front, regroupant les « sensibilités » politiques de l'époque (le fameux et biscornu concept de l'après octobre 1988), d'autant plus qu'il avait suffisamment atteint son principal objectif. A savoir : se libérer d tous les jougs.

En d'autres termes, le glorieux FLN, du 1er Novembre au 5 juillet 1962, qu'on l'accepte ou non, appartient à l'Histoire politique de l'Algérie et, donc, circule dans le sang des combattants qui ont tout donné et rien reçus. Hélas, il a été mêlé aux manigances, du pouvoir politique voire politicien, qui l'ont dénaturé, en 1962, 64, 79, 88, à ce jour.

Enfin, avoir un penchant aux servilités et la dictature ou aux libertés et la Démocratie, c'est aussi dans le sang que ces défauts et qualités se mélangent, s'entrechoquent et se repoussent, telles les globules blancs et rouges, d'une certaine façon, en réactions et comportements au sein d'un peuple face a son destin !