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SAÏDA : KADI HANIFI, LE DOYEN DES CONDAMNES

par Ali Kherbache

A l'instar des villes meurtries par «la tragédie et la furie inexcusables», selon la déclaration même du président sortant de la France officielle, Saïda commémore le 08 mai 1945. Un mois où les soulèvements et les manifestations des Algériens réclamant leur indépendance furent marqués par des répressions sauvages et sanglantes ayant fait près de 45000 morts. Le soulèvement pacifique fut marqué par un bain de sang et des arrestations.

A Saïda, où les évènements débutèrent dès le 02 mai, les autorités avait donné à cet épisode de la lutte pour la liberté un cachet particulier. Après le dépôt de la gerbe de fleurs au carré des martyrs, en hommage à leurs sacrifices, c'est la salle Mediar Mohamed, qui a accueilli l'assistance attentive à la conférence de Amar Belkhodja sur le thème :«Saïda au rendez-vous de l'histoire». Et il serait ingrat de ne pas évoquer les six premiers condamnés à mort dès le 8 novembre 45 à savoir Mimouni Lahcen, Belkecier Abdelkader, Brahim Ahmed, Bentallah Benhouna, Amrouche Khelif et Kadi Hanifi Abdelkader, encore en vie à Alger, né le 22 janvier 1958 au village Boudia, Saïda. Kadi Hanifi dit Si Kouider, fils de boucher du quartier populaire, fut le premier responsable du PPA en 1943 avec feu Boukentar. Il était, tout comme ses copains, avide de liberté, issu des SMA et morchid du groupe El Hillal. La cellule d'alors comprenait Mimouni, Bouzig, Okhmani, Benaceur. Sa condamnation à mort par le tribunal d'Oran interviendra après le 8 mai où Saïda s'était soulevée par des actes de sabotage, d'incendie de la mairie. Cette insurrection fut réprimée par la barbarie coloniale. Magistrat depuis 1943, aministié en 1946, Si Kouider fut interdit de séjour à Saïda et exerça en qualité de «Adel» à Témouchent, N'Gaous et Bordj Bouarreridj où il rendit d'énormes services à la révolution armée. A l'indépendance, il fut installé à la tête du tribunal à El Harrach avant d'être nommé comme inspecteur au ministère de la Justice puis conseiller à la Cour suprême jusqu'à sa mise à la retraite en 1988. Le doyen des condamnés à mort et des magistrats termine sa vie, paisiblement à Alger, une vie qui fut tumultueuse. Saïda s'en souviendra.