Après la grande
réforme de la régulation sémantique de l'Internet, jamais subie depuis quarante
années d'existence et qui autorise la création d'extensions Internet en
caractères non latins, l'Algérie vient de lancer les premières adresses
Internet en langue arabe. La décision a été prise récemment par le Cerist,
principale autorité de nommage pour les domaines de l'espace numérique .dz. De
quoi augmenter la neutralité de l'Internet et consolider l'élargissement de son
utilisation par les «Algériennautes» arabophones. Un internaute algérien qui
n'est pas trop familier avec les langues latines et amateur de journaux en
langue arabe préfèrerait certainement pouvoir taper l'intégralité de l'URL de
son journal en arabe pour accéder à son contenu. Il est curieux de constater
que l'instauration historique du domaine .aldjazair (en caractères arabes) est
passée pratiquement inaperçue dans les médias lourds algériens. Ailleurs, dans
d'autres pays arabes, ce passage à des noms de domaine dans la langue
d'Al-Jahiz a été célébré comme un vrai événement. L'arabisation des noms de
domaine est, en effet, un sujet brûlant, notamment dans le secteur économique.
Les raisons sont multiples et, à mon avis, les aspects techniques sont
décisifs.
Une entreprise
peut-elle s'assurer d'une forte audience sur le web sans faire appel à un
calculateur ? La réponse est bien entendu non ! L'informatique utilise comme
caractères de base l'American Standard Code for Information Interchange
(l'ASCII). Le code, entièrement conçu en anglais, permet d'encoder les lettres
de l'alphabet tapées sur le clavier de façon à les rendre lisibles sur l'écran
de l'ordinateur. Mieux encore, les algorithmes de classement des moteurs de
recherche reposent sur ce protocole. Intégrer, dès lors, les jeux de caractères
spécifiques de la langue arabe au code ASCII consolidera le référencement web
des entreprises intéressées par une webométrie strictement arabe et leur
permettra d'être toujours plus proches de leurs vrais clients. Cette procédure
a été baptisée le programme contrôlé d'ouverture d'extensions
«Internationalized Domain Names» (IDN). Elle consiste en une exploitation d'une
extension nationale en caractères locaux. Les pays désireux d'enregistrer
l'équivalent non latin de leur extension nationale peuvent postuler, auprès du
régulateur mondial de l'Internet, seule entité habilitée à activer la nouvelle
extension. Rappel statistique utile : la langue arabe est parlée dans 22 pays,
soit plus de 530 millions de locuteurs, dont 280 en tant que langue maternelle.