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GHARDAÏA: Les chômeurs attendent toujours?

par Aïssa Hadj Daoud

Partagé entre optimisme et pessimisme, les jeunes Ghardaouis misent leurs espoirs sur une formation de qualité, un emploi stable, le sens de la bonne citoyenneté et surtout un épanouissement personnel.

Mais qu'en est-il réellement sur le terrain ? Les jours et les années s'écoulent et se ressemblent. C'est en ces termes que la majorité des jeunes de la wilaya de Ghardaïa se projettent, grosso modo, pour l'année 2012. Rencontrés sur la place du Marché de Ghardaïa, plusieurs jeunes avouent s'attendre à une année qui ressemble aux précédentes. «La même routine. Le lot de problèmes dont nous souffrons habituellement devrait probablement doubler», indiquent certains d'entre eux. «Personnellement, je ne m'attends à rien», lance Rostom, 26 ans. Cette année sera comme la précédente, ajoute-t-il en pensant qu'il n'y aura pas de changements. «Dans le contexte actuel de la crise économique qui touche les pays développés, plusieurs secteurs ne recrutent plus. Le taux de chômage augmente sans cesse. Bref, je ne suis pas optimiste. Pourtant, je garde espoir». Même son de cloche chez son ami Mohamed. Depuis déjà quelques mois, il s'est inscrit à l'ANEM (Agence nationale pour l'Emploi), il est à la recherche d'un emploi. Il vient de quitter son poste d'ouvrier dans une société privée de production de produits en plastique. Son salaire n'est pas vraiment motivant. «Le patron exige que je travaille plus, mais sans la moindre augmentation de salaire, il avance l'argument de la crise et ses effets sur le secteur. J'ai eu ras-le-bol de cette situation et j'ai fini par quitter mon poste. J'espère que je vais trouver mieux en ce début de l'année 2012», prévient-il. A la question posée sur leurs attentes et leurs espoirs pour la nouvelle année 2012, Ilyès 24 ans, répond sans conviction de son côté; «je crois que cette année apportera un peu plus de bien-être et de travail pour les jeunes de la région, compte tenu des prochaines facilités d'investissements promises par l'Etat et évoquées, lors de la dernière session d'APW qui a été tenue récemment à Ghardaïa». La seule chose qui pose problème dit-il, avec beaucoup de regrets, c'est de constater cette malheureuse politique de «parti-pris et du piston» dans les recrutements, pratiqués au su et au vu de tout le monde par les responsables de l'ANEM/ Ghardaïa, dans les administrations et certaines entreprises publiques telle que Pipe-Gaz/ Ghardaïa (Anabib). Je souhaite vivement un équilibre, une parfaite égalité et une meilleure considération entre les jeunes d'une même région, particulièrement de la part de l'ANEM, ajoute-il avec amertume. Même souhait pour Bachir, un nouveau licencié en sciences politiques, il travail comme ouvrier «journalier» et voudrait enfin que ses compétences soient mises sur le terrain et qu'on lui offre un poste en fonction de sa spécialité. Il est aussi optimiste. «L'année prochaine va certainement apporter son lot de progrès et de développement dans notre pays. Les partis politiques vont devoir s'investir davantage et devront répondre aux attentes des ceux qui vont voter pour eux, en 2012». Non loin de cette place du marché, une jeune fille Aïcha, âgée de 22 ans, nous fait part de ses espérances pour l'année 2012. «Je vais terminer mes études en Droit, le mois de juin prochain. J'espère que je finirai en beauté et décrocher aussitôt un travail», souhaite-t-elle.

 Et d'enchaîner: «j'espère que les gens vont changer leur manière de se comporter envers les femmes. Allusion faite pour celles qui occupent, «éternellement» un travail au «Filet social» pour 3.000 DA/mois. Je souhaite que les choses changent pour le mieux et que les responsables des recrutements deviennent plus compréhensifs.

Changement de décor, à El-Ménia, distancée de 270 km du chef-lieu de la wilaya Ghardaïa, c'est la commune où l'on trouve le plus grand nombre de chômeurs, de pauvreté et de jeunes délinquants de la wilaya. Sur une terrasse d'un café au centre-ville, un bon nombre de chômeurs discutaient, en cette fin d'année 2011, sur la manière de trouver un éventuel travail.

Leurs discussions se résument en un éventuel emploi stable. Pour certains, ils ont effectué plusieurs formations diplômantes, mais sans succès. D'où la naissance d'une énorme délinquance et criminalité dans le milieu de ces jeunes chômeurs d'El-Ménia. Selon les données des rapports des services de la sûreté nationale locale, rien que pour la semaine passée, ces derniers ont pu mettre la main sur une multitude d'affaires de vols et de criminalité dans cette daïra, impliquant pas moins de 10 délinquants âgés entre 18 et 21 ans, pour de nombreux vols et pour coups et blessures volontaires.

Cependant, nombreuses sont aussi les personnes interrogées dans l'ensemble de la wilaya de Ghardaïa, qui vous parlent de ce fléau, de manque de civisme et de bon sens dans le milieu des jeunes. Ces valeurs sûres devraient pourtant caractériser l'Algérie de demain. «Si nous arrivons à adopter un bon programme de création d'emplois pour nos jeunes, nous aurons plus de chance d'éviter ces calamités et de réaliser nos rêves pendant les années qui viennent», avance un fonctionnaire en retraite d'El-Ménia. Il s'agit de bien éduquer ses enfants, de leur apprendre à vivre en société, au travail, à l'école et chez soi. Les jeunes doivent être suivis de près, écoutés en permanence, orientés vers des formations adaptées et leur procurer du travail. Ils doivent être encouragés à s'épanouir, que ce soit par le biais des études, du travail, du sport ou des activités culturelles.