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Selon une étude de la FOREM: 23% des malades du sida contaminés par leur conjoint

par Djamel Belaïfa

Dans le but de s'informer sur la place des malades atteints du sida dans la société, comment ils sont perçus, comment ils sont pris en charge, leur relation avec leurs familles, la conduite de leur traitement, etc., la FOREM a effectué récemment une enquête de juillet 2011 à septembre de la même année. Selon la fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche, l'enquête a touché 65 malades issus de plusieurs wilayas du pays, entre autres, Alger, Tamanrasset, Chlef, Annaba, Sétif, Hassi Messaoud, Tiaret, etc. Les résultats bruts de l'enquête font ressortir que 52% des malades sont de sexe masculin et 48% de sexe féminin. En matière d'âge, l'enquête montre que la plupart des personnes interviewées font partie de la seconde génération des malades du sida.

On remarque aussi que le danger d'être atteint du sida ne concerne pas uniquement la frange la plus réputée exposée des 16-30 ans mais également les plus de 30 ans avec près de 40% de malades âgés aujourd'hui de plus de 40 ans. Sur l'ensemble des personnes interrogées, 23% des malades ont été contaminés à domicile (conjoint), 1,6% chez le dentiste, 1,6% en prison, 12% à l'étranger et 8% dans la rue. Concernant le mode de contamination, la même enquête révèle que plus de 90% des personnes ont été atteintes suite à des actes sexuels (hétérosexuels) et 6,5% par des injections (toxicomanie). Le plus ancien malade soigné a été contaminé en 1998. Une bonne partie des malades ont appris leur maladie suite à un bilan systématique pour malade chronique (20%), d'autres l'ont appris suite à un bilan prénuptial (15%), d'autres à l'accouchement (5%), etc. Pour ce qui est de la réaction des malades après avoir été informés, la même enquête souligne que 46% ont été traumatisés, 21 sont entrés dans une phase de tristesse prolongée et seuls 17% ont pris la chose normalement. Parmi ces malades 35% affirment ne pas avoir été soutenus par leurs parents, 64% disent avoir été abandonnés par leurs amis et 28% disent qu'ils n'ont pas été pris en charge psychologiquement.

Pour ceux qui ont bénéficié d'une prise en charge psychologique, 40% affirment qu'ils ne sont pas satisfaits de cette prise en charge et 74% n'osent pas parler de leur maladie. A une question relative à la qualité de la prise en charge psychologique des malades en Algérie, 34% indiquent qu'elle est mauvaise et 20% trouvent qu'elle est bonne. Concernant la prise en charge thérapeutique des malades atteints du sida dans les hôpitaux, 27% estiment qu'il y a une mauvaise prise en charge alors que 22% se plaignent du manque de médicaments. A une question si le malade atteint du sida peut vivre normalement, 55% ont répondu par non. A propos de tolérance, 100% ont répondu que la société algérienne est intolérante envers les femmes atteintes du sida. Pour une bonne prise en charge, les malades ont proposé un accueil digne dans les maternités et les services de chirurgie et des laboratoires, le secret médical pour le personnel de santé, confiance et pas de trahison, un peu de respect et une carte spéciale pour chaque malade. Enfin, la FOREM souligne que l'Algérie compte aujourd'hui un millier de malades du sida et un peu plus de 5.000 séropositifs. Ce dernier chiffre, ajoute la même source, ne traduit malheureusement pas la réalité car de nombreux porteurs restent inconnus d'où la nécessité d'une politique de prévention permanente.