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Symposium sur le soutien aux prisonniers sous l'occupation: Les aveux de Belkhadem

par Ghania Oukazi

Le secrétaire général du FLN a reconnu hier que la Ligue arabe et les Etats voisins à la Palestine occupée ont échoué dans le règlement du conflit israélo-arabe et dans la réunification des factions politiques palestiniennes.

« L'expérience a montré que tous les efforts qui ont été menés par la Ligue arabe et les Etats arabes voisins de la Palestine n'ont pas abouti», a avoué Abdelaziz Belkhadem en réponse à une question sur l'implication des Etats dans la réunification des factions politiques palestiniennes. Belkhadem s'est prêté hier au jeu des questions réponses autour d'un déjeuner à l'hôtel Riadh de Sidi Fredj qu'il a offert aux journalistes accrédités pour la couverture du symposium. «Faut-il attendre encore que ces efforts aboutissent ou alors engager une autre procédure ?» s'est-il interrogé. Il montre qu'il opte pour la seconde hypothèse et indique qu'«il faut surtout agir au niveau de la société civile et des partis politiques pour amener à plus de cohésion entre les factions palestiniennes.» Il rappelle à juste titre le mutisme des Etats arabes au lendemain du massacre de la population ghazaouie. «Rappelez-vous quand Israël a perpétré ses massacres à Ghaza, les Etats arabes n'ont pas bougé. Que Dieu t'entende ! Mais nous croyons que l'adhésion qu'on cherche au niveau des Palestiniens sera possible par les efforts de la société civile», a-t-il répondu à un journaliste qui lui a demandé quel sera l'apport exigé par les conférenciers au cas où les Etats arabes adhéreront et soutiendront les principes débattus au sein du symposium.

Le SG du FLN refusera cependant d'utiliser le terme «réunification» et choisira ainsi de parler de cohésion au moment où Alger cherche véritablement à rapprocher les Palestiniens et à serrer leurs rangs. «Pour la première fois se sont réunis dans une même salle des parties (partis) en totale contradiction entre elles que ce soit pour la Palestine ou l'Irak», a-t-il souligné. Il estime qu' «il faut réunir toutes ces contradictions au profit de la lutte contre le colonialisme». Il est admis chez de nombreux participants que l'Algérie «terre des sacrifices et des médiations pour les causes justes est capable de convaincre les Palestiniens d'enclencher le processus de leur réunification à partir de ce symposium». Il semble en tout cas que c'est le souhait des Algériens. Ce qui est sûr est que la question a été grandement posée à Alger même si le plus important de ses volets a dû se faire en coulisses.

Stanley Cohen à Alger, un signe d'adhésion à la cause palestinienne

Il a fait savoir que la rencontre d'Alger qui a pris fin hier dans la soirée au Palais des Nations a regroupé près de 1300 personnes (y compris les journalistes) représentants une cinquantaine de pays. «Nous avons relevé une grande disponibilité chez tous ces gens-là pour venir participer à ce symposium qui a réuni ainsi toutes les factions palestiniennes, tous les partis politiques algériens, tous les partis politiques arabes, un grand nombre d'organisations qui militent pour les droits de l'homme à travers le monde», a-t-il dit. Il précisera que les organisateurs ont invité le rapporteur onusien -Folk- chargé des dossiers des prisonniers mais, a-t-il indiqué, «il avait d'autres engagements mais il nous a promis qu'une fois adoptée, il sera prêt à diffuser la déclaration d'Alger au niveau des institutions onusiennes et d'autres internationales». Il estime par ailleurs que les représentants occidentaux ont tenu à assister au symposium « plus pour dynamiser la dimension humaine de la question des prisonniers».

 A ceux qui insistent pour connaître les objectifs visés par l'organisation de ce symposium, le SG du FLN indiquera encore qu'«on est persuadé qu'on va réussir à faire libérer tous les prisonniers mais on contribuera certainement à l'élargissement des espaces internationaux de soutien à la cause palestinienne». Le déplacement à Alger d'un avocat juif américain représente à ses yeux, à cet effet, un signe qui ne trompe pas. «Stanley Cohen a accepté de venir à Alger, il est juif américain mais il défend la cause palestinienne. Il se pourrait que ça soit un début de soutien au niveau des espaces des droits de l'homme et aussi politiques», dit-il. Belkhadem veut convaincre que «plus on est nombreux à dévoiler ce qui se passe dans les prisons israéliennes, plus on élargit l'adhésion à la cause de libération de la Palestine». Il croit à l'effet boule de neige.

Aussi, pense-t-il d'ores et déjà qu'il est possible que le rendez-vous d'Alger contribuera à mettre en place un mécanisme susceptible de mettre en œuvre la feuille de route que les participants auront votée. Il notera que l'objectif à travers ce symposium est de «sortir avec une déclaration qui sera considérée comme une référence à tout travail qui sera fait sur les prisonniers palestiniens et arabes en général». Il explique ainsi que les organisateurs ont fait exprès de ne pas préciser dans l'intitulé du symposium qu'il s'agit de prisonniers palestiniens. «Parce qu'il y a d'autres prisonniers arabes qui sont dans les geôles israéliennes et dans d'autres pays du monde», a-t-il fait remarquer.

«Aucune forme de normalisation avec l'entité sioniste !»

Les participants ont fait, selon lui, la proposition de la création d'un réseau mondial qu'animeront les organisations des droits de l'homme, les partis politiques et les médias pour faire connaître la réalité à l'intérieur des prisons israéliennes. «Il existe en Israël une prison pour les enfants que le monde ne connaît pas. Plus de 5000 enfants de moins de 13 ans ont été emprisonnés par l'entité sioniste», fait-il savoir. Il rappelle les graves et flagrantes violations des droits de l'homme et les terrifiantes conditions de détention des femmes. «Certaines d'entres elles ont même accouché dans les prisons, je me suis demandé qu'est-ce qu'on inscrit sur leur acte de naissance», dit-il. Il est persuadé que le défi d'internationaliser la question des prisonniers palestiniens et les exactions de l'entité sioniste sur les populations dans les territoires occupés lancé à partir d'Alger sera bien pris en charge.

Un tel réseau représente selon lui «un moyen pour amener le plus de militants possible des droits de l'homme et de partis politiques à adhérer et à médiatiser la cause palestinienne et celle de ses prisonniers». Il est persuadé que le pari est jouable. « Nous avons plusieurs cartes en main qu'on pourrait exploiter pour soutenir cette question entre autres la décision de la Cour de justice internationale (La Haye) de faire détruire le mur construit par les Israéliens, le rapport Goldstone, l'attaque par Israël de la flottille de la liberté et bien d'autres», énumère-t-il. L'Algérie avec le soutien de ses nombreux hôtes croit à l'entreprise d'internationaliser la question des prisonniers palestiniens et arabes détenus par l'entité sioniste. «Sinon quel est l'intérêt d'un tel rassemblement ?» interroge Belkhadem.

Interrogé sur le refus des organisateurs de recevoir les Arabes israéliens détenteurs de passeports israéliens, le SG du FLN répondra sans hésitation qu' «on n'a pas besoin de détours pour expliquer ce refus. Les frères palestiniens seront toujours les bienvenus en Algérie mais pas avec un document de l'entité sioniste.» Il saisira l'occasion au vol pour affirmer que «nous n'accepterons aucune forme de normalisation avec l'entité sioniste, ni politique, ni économique, ni culturelle !»