Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Notre supplément économie avec la collaboration de «MAGHREB EMERGENT» : Fritures sur l'avenir

par Salim Rabia

Le gouvernement tunisien ne voulait pas de VimpelCom chez lui. Il n'a pas décidé de créer un droit de préemption et risquer son image de pays accueillant pour les investisseurs étrangers. Il a juste suggéré, en protestant officiellement de sa neutralité, à l'associé de Sawiris, en l'occurrence Qtel ou Qatari Telecom, de faire valoir son droit de préemption dans l'achat des actions de Naguib Sawiris. L'affaire est dès lors rondement menée. Qtel paye le milliardaire un peu plus cher qu'il ne voulait, mais il réalise une transaction qui renforce son groupe tout en associant des capitalistes du cru dont Sakher El Materi, un jeune homme qui monte, qui monte? et qui sans doute a des bases plus solides que la comète de la finance privée d'Algérie aujourd'hui disparue dans la nature ou en attente d'être expédiée dans une cellule anglaise. Transposée en Algérie, cette gestion tunisienne rondement menée de l'affaire Tunisiana aurait consisté à ce que l'Etat algérien encourage l'associé de Sawiris dans Djezzy, en l'occurrence Cevital, qui détient un minuscule 3,19% à faire valoir un tel droit. Si cette option n'est pas «jouable» il y en aurait d'autres. L'expert Bourenani nous explique qu'une acquisition de Djezzy par l'Etat entraînera automatiquement sa décote et sa dévalorisation et qu'il serait plus judicieux, par exemple, d'aller faire une OPA pour prendre des parts dans Orascom Telecom Holding. Trop compliqué de jouer les instruments du capitalisme alors qu'on y va même à reculons ? Pour l'heure, la dépense publique enfle et l'on est prié de croire que c'est un pari sur l'avenir. Il faut de l'effort pour y croire. L'Algérie n'a pas cessé de parier sur l'avenir en retardant les réformes nécessaires et en maintenant un mode de gouvernance qui peut paraître prudent alors qu'il est en fait coûteux. C'est bien de parier sur l'avenir. C'est mieux aussi de percevoir clairement qu'on ne va pas vers l'avenir avec des méthodes du passé.