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La guerre et ses incertitudes...

par Kamal Guerroua

«Fog of War» ou «Brouillard de guerre», cette expression a été forgée, pour la première fois, par le général prussien Carl von Clausewitz dans son ouvrage «De la guerre» : un traité de stratégie militaire écrit par ce général, après les guerres napoléoniennes entre 1808 et 1815, date de l'exil de Napoléon à l'île de l'Elbe, puis son installation jusqu'à 1821 à Sainte-Hélène. En stratégie et en géopolitique, Fog of War signifie que nul n'est en mesure de prévoir l'après-guerre. On peut seulement s'attendre à un changement universel qui allait bousculer certaines évidences.

Où ? Quand ? Par qui ? Comment et pourquoi restent des questions en suspens ? Car aucun stratège n'aura les facultés pour y répondre de façon définitive. Personne n'avait pensé, à titre d'exemple, qu'à la Première Guerre mondiale, succédera une seconde guerre en 1939, et aucun cerveau n'avait prévu non plus que le mur de Berlin allait scinder l'Allemagne, et que la France battue aisément par Hitler en 1940, aura le droit de veto, qui la consacrera puissance nucléaire à partir de 1961 !

De nos jours, c'est la rebelote ! La guerre de l'Ukraine vient de chambouler tout l'univers. Le génocide à ciel ouvert à Gaza a détruit la doxa droits de l'hommiste, pleine de tartuferie et de faux-semblants. Et puis, l'émergence des BRICS, comme force intermédiaire en vue de briser l'hégémonie américaine, n'a fait que retarder, à mon sens, le rêve des pays non-alignés en un monde multipolaire, lequel garantira l'équilibre des forces en présence et l'élargissement du droit de veto à des puissances économiques émergentes, restées jusque-là en marge du processus décisionnel planétaire. En gros, ce brouillard de guerre et ses fumées inodores ne font qu'annoncer, avec les effets irréversibles de la pandémie corona, un nouvel ordre international en phase d'incubation. Comment ? Wait and see !