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Entre les mots

par Amine Bouali

Parler, écrire, reste une aventure dont nous ne maîtrisons pas toujours, entièrement, le modus operandi. Souvent (même si nous en avons quand même une petite idée !), nous ne savons jamais à l'avance, exactement, ce que nous allons dire et quels mots nous allons utiliser. La fabrication d'un discours met en branle un processus mental qui n'est pas stable et qui est étroitement lié au fonctionnement de notre cerveau, au moment précis où nous parlons et écrivons.

Tout le long de notre vie, nous accumulons dans notre mémoire, par le biais de l'apprentissage, un certain patrimoine lexical, et nous l'enrichissons constamment par nos lectures, nos travaux intellectuels et nos conversations. En parlant ou en écrivant, nous puisons directement dans ce réservoir de vocables, à partir duquel nous tentons ensuite de concevoir ce que nous voulons dire ou écrire. Mais, parfois, les mots que nous cherchons se dérobent à notre concentration et nous échappent comme des grains de sable entre les doigts.

Ces pannes soudaines du langage creusent, entre les mots, des gouffres béants, peuplés par nos silences et nos balbutiements. Lorsque, après un instant de panique ou d'hésitation, nous reprenons enfin le cours de la parole (ou de l'écriture), parfois un mot (ou un groupe de mots) auquel nous n'avions pas songé de prime abord va s'immiscer dans notre pensée et orienter de façon inédite notre propos initial.

C'est une des raisons qui expliquent pourquoi l'écrivain, par exemple, est souvent le premier surpris par ce qu'il vient d'écrire !