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Un avant-goût peu ragoûtant

par El-Houari Dilmi

Scénario désormais classique, chaque année, à l'approche du mois de Ramadhan, des «mesures exceptionnelles» sont prises pour assurer le repas du f'tour des Algériens en priorité première. Comme si se sustenter durant le mois de tous les soucis devenait une «urgence nationale» pour les pouvoirs publics, une mobilisation générale est décrétée pour espérer passer sans trop d'écueils une période supposée être celle de l'abstinence et de la piété.

De grandes quantités de denrées alimentaires ont été déstockées pour réguler les prix, de même que les viandes importées pour tenter d'agir à la baisse sur les prix prohibitifs des produits carnés. Le poulet a atteint le record absolu de 630 DA le kilogramme. Et même s'il est vrai que la demande durant le mois de carême explose comparée au reste de l'année, une bonne organisation du circuit des approvisionnements en produits alimentaires n'est pas nécessaire pendant un seul mois mais bel et bien tout au long de l'année.

Même s'il est vrai que le comportement irrationnel du consommateur durant le mois de toutes les envies n'est pas étranger à la hausse «mécanique» des prix, les actions par à-coups des pouvoirs publics n'arrivent toujours pas à mettre de l'ordre dans un marché où les spéculateurs et les accros du lucre ne sont pas les seuls fautifs. Cas concret : la pénurie durant toute la période hivernale des légumes secs comme les haricots et les lentilles a tiré leur prix vers des niveaux inégalés. Il a fallu attendre l'arrivée du mois de Ramadhan pour voir ces légumineuses inonder le marché à des prix plus ou moins abordables.

Le rôle de la puissance publique est de réguler et de sévir en cas de manquement à la loi, le reste étant une affaire d'équilibre entre l'offre et la demande, une règle universelle connue depuis la nuit des temps.