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Les «invisibles» : fatalitas ?

par Belkacem Ahcène Djaballah

Deux exemples qui montrent et démontrent combien l'Algérie était mal «gérée» avec l'existence et le mauvais entretien (du masochisme tant il a l'air d'être bien entretenu et tant il perdure) des actes de la gestion quotidienne des choses de la vie, souvent les plus simples.

Depuis le 22 décembre 2019, un navire de fret maritime appartenant à la Cnan, compagnie nationale publique est bloqué au port d'Anvers pour ne pas s'être acquitté d'une créance envers un fournisseur étranger. Bien sûr, on nous dit que la Cnan n'avait reçu aucun préavis que les procédures bancaires sont administratives et lentes, que? Que de que !? Manque à gagner réel pour le groupe et pour le pays, représenté par ce blocage ? On ne le saura peut-être jamais. A noter qu'un autre navire avait été récemment bloqué (pour des problèmes techniques successifs), durant 21 jours, à Marseille.

Autre exemple : celui du licenciement brutal (problèmes d'incompatibilité d'humeur avec un manager ?) en pleine première phase du championnat, de l'entraîneur français de football du Mouloudia d'Alger (10 présidents en 7 ans !?!?). Armé d'un contrat («en béton») de plusieurs années, il réclame simplement qu'on régularise toute le restant du contrat. Bref, son «droit à la pension complète» et, à défaut, il s'en ira se plaindre auprès des instances internationales, si ce n'est déjà fait (il est, semble-t-il, suivi par l'entraîneur -étranger - «limogé» récemment de la JSK). Un bon paquet à débourser en devises, par l'entreprise publique propriétaire. Qui ? La fameuse «vache à lait», la Sonatrach !... qui va engager, semble-t-il, un autre entraîneur étranger.

Ici, on peut citer d'autres exemples dont les sommes dues à des joueurs de nationalité étrangère aux contrats non respectés et dont beaucoup ont intenté des procès pour la plupart gagnés. Bien sûr, les «dirigeants» se rabattent, la plupart du temps, soit sur la Fédération (surtout lorsqu'ils ont su que le bas de laine «laissé» par Raouraoua était bien fourni), soit sur les caisses de l'Etat à travers les entreprises ou tout simplement à travers on ne sait quelle «caisse noire», soit alors sur des «mécènes». Ces derniers, toujours «compréhensifs», une qualité très partagée en Algérie, car on sait bien que dans le sport en général et dans le foot en particulier, les «investissements» - dans les joueurs et les entraîneurs surtout pour faire plaisir aux publics friands de prestations - sont très rentables au niveau de la «notoriété» et des dividendes «affairistes» ou même politiques locales et/ou nationales.

Un autre exemple à ajouter à la liste ? L'acquisition (?!?!) de la raffinerie d'Augusta. Bon, stop ! Arrêtons le massacre.

Le problème n'est pas dans l'activité elle-même, ainsi que dans son bénéficiaire (en devises fortes), à partir du moment où il apporte - au pays - un plus (+) aux activités concernées. Il réside dans la «mauvaise» gestion nationale des activités. Involontaire ou préméditée ! Mauvaise gestion qui a des conséquences désastreuses sur les budgets des entreprises et, par contrecoup, dans une économie «dirigée» comme la nôtre sur le budget de l'Etat. Ainsi que des retombées catastrophiques sur l'image de marque du pays qui, ainsi, se retrouve ternie.

L'autre qualité (sic !), héritage des années 2000, c'est de voir l'Algérie classée parmi les pays «arabes» qui dépensent «sans compter» pour tout (dont les activités de prestige personnel) et pour (presque) rien et, surtout, sans les précautions réglementaires d'usage afin de ne pas se faire «avoir» en cas de conflit d'intérêts.

Là aussi, trop, c'est trop, mais il semble bien que si le temps du «serrage de ceinture» est bel et bien là, celui du sevrage des gestionnaires des clubs de foot n'est pas pour demain. On nous annonce d'ailleurs que les clubs «professionnels» vont désormais être à la charge des entreprises publiques. Comme au «bon vieux temps» ! Fatalitas !