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LE VIRUS, LE SUEDOIS, LE SUISSE, LE TOGOLAIS ET LE NEPALAIS

par Abdou BENABBOU

L'étendue que prend actuellement l'épidémie du coronavirus est en passe d'enseigner au monde une leçon. Le cap du millier de personnes contaminées est dépassé et on imagine les larges et multiples conséquences à la limite du drame sur l'économie mondiale. Si la Chine est la première victime de ce qui s'apparente à un sourd et pervers tsunami, allant jusqu'à cloîtrer des centaines de millions de Chinois dans leurs demeures, par les multiples tentacules commerciaux qu'elle a imposés au monde, on se doute du coup d'arrêt incommensurable qui percutera immanquablement de nombreuses activités commerciales à travers l'ensemble des continents.

Incontestablement, ce drôle de nouveau virus dont on ne connaît pas très bien la nature et la consistance se présente comme un génie malfaisant venu prouver que le monde n'est plus qu'un village global et que l'ensemble des populations mondiales sont irrémédiablement interdépendantes. Il prouve que le peaufinage forcené et accentué de l'individualisme des Etats est un exercice puérile et dérisoire et qu'il faudrait admettre une bonne fois pour toutes que le Suédois, le Suisse ou le Canadien dépendent qu'ils veuillent ou non du Togolais ou du Népalais. Le sort et la destinée des uns, aussi reclus qu'ils soient et quels que soient les murs érigés, sont liés aux autres.

Comme d'autres avant lui, l'imprévisible virus d'aujourd'hui se propageant avec une vitesse inouïe entame une randonnée dévastatrice et se rit de la piètre symbolique des passeports. Avec ses tribulations et son errance sans règles, comme la peste et comme la misère, il est miroir de la réelle image du monde.

Ce curieux coronavirus étale une certitude et une évidence qui veut que quand des êtres humains, en mal d'existence, enfouis dans les coins reculés du monde sont pris par la gorge par une toux particulière, c'est la planète entière qui est soumise à une grippe tout aussi particulière.

Il indique que les injustices et les guerres infligées aux autres ne sont en définitive par la force de la nature humaine que fléaux infligés à soi-même.