Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le malheur des sans-dents !

par Kamal Guerroua

Les techniques modernes permettent, par exemple, lorsqu'une dent est fracturée, cariée ou qu'elle perd son éclat, de reconstituer les parties endommagées ou manquantes et d'éviter ainsi l'extraction. Grâce à la mise en place de résines synthétiques composées extrêmement résistantes, le dentiste peut remodeler la dent et lui rendre son aspect esthétique et sa solidité. Or, les patients, souvent surpris de ces possibilités techniques, le sont bien plus encore, quelquefois, quand ils voient la note ! Les prix, en effet, sont devenus en Algérie, par la force des choses, un élément capital dans les rapports client-dentiste, à tel point que certaines personnes laissent leur denture se délabrer par peur d'être entraînées dans des frais excessifs.

La faute est à quoi ? Le pouvoir d'achat des ménages, en baisse continuelle chez nous ! Et à côté de cet inconvénient des prix, s'ajoute celui de la malhonnêteté. Comme dans toute profession, il y a aussi des brebis galeuses chez les dentistes. Heureusement, elles sont rares. Parfois, on remarque que certains chirurgiens-dentistes indélicats exerçant dans nos dispensaires, en manque de moyens et de surcroît trop inopérants, nous recommandent des cabinets dentaires dans le privé. Mais, en s'y déplaçant, on s'étonne qu'il n'y a rien d'exceptionnel, à part les prix hors de portée que ceux-ci proposent pour de simples plombages ! Et pire encore, parfois le médecin du dispensaire se trouve être le même dans le cabinet privé ! Une sorte de concessionnaire-automobile qui fait de la pub à ses produits, saisissant, le temps venu, son client par la gorge, pour le forcer à goûter à son appât. C'est d'ailleurs le cas de beaucoup de domaines dans nos hôpitaux et dans la plupart des cliniques privées. Quel désastre ! Un connaisseur m'a dit récemment que, si jamais un dentiste cherche à savoir quels sont vos revenus, votre standing, votre profession, c'est aussi une indication «probable» de sa mauvaise foi. Comment ça ? lui dis-je étonné ! «Eh bien, jeune homme, sachez bien que la facture sera établie en fonction de ce que vous lui avez déclaré». Et du coup, que dois-je faire ? «C'est très simple, cherchez en un autre, c'est mieux !»